Mali : Après la proclamation des dates des élections, c’est la peur d’une crise électorale

Depuis quelques semaines, les Nations Unis ont réclamé aux autorités du Mali « un calendrier définitif confirmant les dates du processus électoral. » A propos, comme on peut le constater, la réponse du gouvernement ne s’est fait pas attendre. Le jeudi 15 Avril 2021, le Ministre porte-parole du gouvernement, Mohamed Salia Touré et son homologue de l’Administration Territoriale et de la décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maiga, ont animé un point de presse dans les locaux du Centre d’Information Gouvernementale du Mali.

A l’issue de la rencontre, les conférenciers ont révélé le chronogramme des scrutins comme suit : dimanche 31 Octobre 2021, date du scrutin référendaire ; dimanche 26 décembre 2021, date retenue pour les élections des Conseillers des collectivités ; dimanche 27 Février 2022, date du 1er tour des élections couplées (présidentielle et législative). Enfin, le dimanche 13 au dimanche 20 mars 2022, est la date retenue pour le second tour, le cas échant.

Un point essentiel qui passe inaperçu est celui de l’organisation des élections relatives au Senat ; surtout dans la mouvance de la mise en œuvre de la décentralisation dite « poussée » ou encore la « régionalisation ». Dans ce contexte, les autorités du pays avaient évoqué l’instauration d’une seconde chambre parlementaire.

Où en sommes-nous avec cette politique ?

Exceptionnellement interrogé sur ce point, le Colonel Abdoulaye Maïga, Ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation dira que le chronogramme du referendum et des élections générales, a été établi en tenant compte de la constitution actuelle.

Pourtant cette constitution ne prévoit pas de scrutins sénatoriaux, a-t-il poursuivi ; avant d’ajouter que c’est au peuple de déterminer si le sénatorial fait partie de ses aspirations.

Quels enjeux ?

Le Sénat est la deuxième chambre du Parlement dans beaucoup de pays. Il a le même rôle que la première chambre ; c’est celui d’examiner les lois, les voter et de contrôler l’action du gouvernement. A la différence de l’Assemblée Nationale, le Sénat défend en plus l’intérêt des collectivités territoriales.

Dans d’autre pays comme le Sénégal ou le Gabon, les autorités ont décidé de réduire le nombre des sénateurs ou de supprimer tout simplement le Sénat. Ce seconde chambre dont la vocation première est de représenter les collectivités locales, est jugée loin de cette dynamique.

De même, au Mali  la question de l’utilité d’une seconde chambre parlementaire mérite bien d’être posée.

Dans notre pratique institutionnelle, l’Assemblée Nationale est devenue quasiment une « chambre d’enregistrement ». Les majorités successives qui y sont passées se sont illustrées par leur caractère « béni oui – oui » ; doublé d’un manque de vision pour ce  qui est de porter un regard sur la gestion du pouvoir en place.

Des députés se sont montrés plus fervents défenseurs du gouvernement que certains ministres. Sur ce point, on peut affirmer que le sénat profite au Mali.

Par ailleurs, son aspect budgétaire très coûté n’est pas à ignorer, surtout dans un pays tel que le Mali. C’est pourquoi d’aucuns pensent que l’instauration du sénat au Mali est un luxe que les maliens ne peuvent se permettre.

Il faut tout de même noter que les autorités de la transition sont déjà à l’œuvre pour l’adoption d’une seconde chambre parlementaire. Cela est visible à travers les multiples ateliers organisés par le gouvernement en place sur des thématiques en rapport avec  le rôle des leaders religieux et autorités coutumières dans le bien être de l’Etat.

Alors est-ce à dire que le Senat au Mali sera une chambre des religieux ou des autorités coutumières ?

Quel contexte sécuritaire ?

Il sera quasi impossible de sécuriser toute l’étendue du territoire, afin de garantir une élection pour tous ; libre, transparente et sécurisé.

En d’autre terme les localités touchées par le terrorisme telles que le nord, le centre et une partie du sud, ne pourront mener à bien cet exercice démocratique.

Cependant, à vouloir organiser les élections contre vents et marrées dans ces localités, c’est ouvrir la porte aux fraudes électorales et à tout ce qui s’en suit. Il s’agit, entre autres, des violences, des meurtres, assassinat, comme ce fut le cas sous IBK.

L’équation est ainsi posée, la suite nous renvoie à un risque très élevé de crise post-électorale, susceptible de plonger le Mali dans autre un chaos, d’une toute autre dimension.

Oumar ONGOIBA

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