Suite à l’annonce par Paris de la suspension de son aide publique au développement au Mali, le gouvernement de la Transition malienne a interdit les activités de toutes les organisations non gouvernementales financées ou soutenues par la France sur son territoire.
Dans un communiqué rendu public mardi 22 novembre, le gouvernement français regrette une « décision qui intervient au détriment de la population malienne ». Lequel document évoque la présence du groupe paramilitaire russe Wagner comme une raison de la décision de Paris.
Publiée lundi dernier 21 novembre, le communiqué du gouvernement de la Transition a fait savoir que sa décision est prise en conformité avec les principes de la transition. Notamment, la défense de la souveraineté nationale, des choix stratégiques du Mali et des intérêts vitaux du peuple malien.
Quiproquo
Toujours selon ledit document, la suspension concerne non seulement les ONG françaises mais aussi toutes celles « opérant au Mali sur financement de la France », ou même simplement « avec l’appui matériel ou technique de la France », précise-t-il. Il s’agit notamment quelques dizaines d’ONG et d’associations travaillant entre autres dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’agriculture.
Pour rappel, cette décision du gouvernement de la Transition malienne intervient quelques semaines après la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur la situation au Mali. Rencontre solennelle au cours de laquelle le Ministre des Affaires étrangères a accusé les Autorités françaises d’avoir commis des actes d’espionnage sur le territoire malien.
Quelques semaines auparavant, dans son discours sur la tribune des nations unies, le premier ministre par intérim Colonel Abdoulaye Maïga, avait qualifié les autorités françaises d’une junte au service de l’obscurantisme. Selon lui, la France serait derrière les Sanctions économiques imposées par la CEDEAO au pays.
Divorce
Il faut dire que depuis le coup d’État du 18 août 2021, Paris et Bamako se regardent en chiens de faïence. Des accusations réciproques qui s’enflamment sur les médias et lors des rencontres et sommets internationaux, les deux parties prennent des décisions importantes au fil des mois.
Outre l’expulsion de l’ambassadeur français au Mali, l’interdiction de la radio France Internationale et France 24, les autorités françaises décident le retrait immédiat des troupes françaises de Barkhane sur le territoire malien pendant que Bamako se rapproche de Moscou dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Mamédy Dramé
Coopération :
Un nouveau souffle pour l’axe Bamako-Conakry
Dans les journées du 16 et 17 novembre 2022, la capitale guinéenne a servi de cadre pour les travaux de la 9e session de la Grande Commission Mixte Guinée-Mali.
Ambiance festive au port Autonome de Conakry. Ce mercredi 16 novembre 2022, le Colonel Mamadi Doumbouya a inauguré un hôtel pour les transporteurs maliens, un parking pour les engins gros porteurs et une pénétrante pour l’entrée et la sortie des camions dans le port. En présence des membres du Gouvernement guinéen et une forte délégation ministérielle venue du Mali, la cérémonie s’est déroulée en marge de la 9e session de la commission mixte Guinée-Mali. Laquelle rencontre a donné l’occasion à la signature des conventions permettant de redynamiser, entre autres, les relations politiques et économiques entre les deux États voisins.
Conventions
Présidés par les Ministres des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop du Mali et Morissanda Kouyaté de la Guinée, les travaux de la commission mixte ont réuni des responsables d’institutions et des opérateurs économiques guinéens et maliens. Au cours des échanges, les participants se sont engagés à favoriser la réalisation des projets innovants.
Ainsi, le 17 novembre, à la présidence guinéenne, d’importants accords ont été signés dans les domaines du commerce, de la sécurité et de la justice. En plus des conventions sur l’extradition et le transfèrement des condamnés, sur l’entraide judiciaire en matière pénal et en matière civile et commerciale, un mémorandum d’entente de coopération en matière de gouvernance et d’intégration africaine a été également signé.
En optant pour le renforcement des relations entre les opérateurs économiques des deux pays, les deux parties ne cachent pas leur détermination pour faire le port de Conakry le premier passage des marchandises maliennes. Sans oublier l’organisation de patrouilles conjointes pour sécuriser les populations frontalières.
Premier en Afrique de l’Ouest
Cette rencontre, qui a réuni une dizaine de membres du Gouvernement de la Transition malienne à Conakry, intervient quelques mois après la levée de l’embargo de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest sur le Mali. Pour appliquer les sanctions de l’institution, les pays voisins, membres de la CEDEAO avaient fermé leurs frontières avec le Mali, excepté la Guinée de Mamadi Doumbouya qui avait gardé le corridor Conakry-Bamako ouvert.
Répondant aux remerciements de son homologue malien, le Ministre des Affaires étrangères guinéen, Morissanda Kouyaté, a rappelé que le Mali avait fait de même lors de la pandémie hémorragique d’Ébola qui avait sévi au pays d’Ahmed Sékou Touré entre 2014 et 2016. En accordant une audience à la délégation malienne, le président guinéen avait à son tour expliqué à son tour que le renforcement de la coopération maliano-guinéenne est une nécessité au regard des défis communs auxquels ils font face.
A moins de deux mois après sa visite de travail et d’amitié à Bamako, au cours de laquelle il avait assisté aux festivités du 62e anniversaire de la souveraineté du Mali, le Colonel Mamadi Doumbouya entend donner un d’accélérateur au nouveau vent qui souffle Conakry et Bamako.
D’une longueur de 4 km, la pénétrante qu’il avait inaugurée mettra fin à la circulation des camions au centre-ville de Conakry. Quant au parking et l’hôtel, le premier évitera le stationnement des engins gros porteurs et le second servira de logements pour les transporteurs maliens au port de Conakry.
De quoi susciter la satisfaction de Madame le Ministre malienne des Infrastructures et des Transports et surtout celle du porte-parole des transporteurs guinéens qui estime que les travaux d’aménagement en cours permettront de faire de l’infrastructure le premier port performant en Afrique de l’Ouest et le 8e sur le continent.
Mamédy Dramé