Malgré les appels à la prudence, les Bamakois se livrent toujours à des excès à l’occasion des cérémonies de mariage. Ce faisant, certains conducteurs d’engins à deux et à quatre roues se singularisent en exécutant des scènes de cascade dignes d’un film hollywoodien qui finissent souvent par transformer la joie en tristesse
Oui au mariage mais non aux excès ! De nos jours, le déroulement d’un mariage constitue un véritable souci tant financier que moral qui plonge dans l’insomnie beaucoup de chefs de famille et de mères d’enfants. Quelles en sont les causes ? Elles sont diverses ! Mais la principale à déplorer est liée à certains invités qui, au moyen de leurs engins roulants, s’adonnent à des spectacles pouvant conduire au service d’urgence sanitaire voire (que Dieu nous en éloigne) à la morgue. S’y ajoutent les cortèges et leur lot de bagarres sur la voie publique ainsi que les échanges de propos d’inimitié durant le diner qui se déroule dans un luxueux hôtel ou dans une villa embellie pour l’heureuse circonstance
Quoi de neuf ? Le dimanche 18 juin 2023 au moment où se tient le scrutin référendaire du nouveau projet de constitution, un dense cortège de mariage a quitté le quartier Bakaribougou en Commune II du district de Bamako pour une série de salutations en usage dans notre pays. Selon la version des faits rapportée d’une des blessées, le véhicule transportant le nouveau couple marié roulait « à la Diarra transport » c’est-à-dire à tombeau ouvert. Le reste de la procession qui risquait de le perdre de vue n’avait autre option de le rattraper que de l’imiter en appuyant l’accélérateur jusqu’au tapis
Dans cette course folle au mépris des règles du code de la route, au niveau du quartier de Hamadallaye une des voitures de ce cortège est allé violemment embouter un taxi qui le précédait prudemment. « Le frein n’a pas répondu » argumente le chauffeur. Celui-ci a fui dans le feu de l’action afin d’éviter de se faire lyncher par les gens rapidement venus pour porter secours aux occupants de son véhicule, avant de se rendre plus tard à la police qui le cherchait. On ne déplore aucun mort, Dieu en soit loué ! En revanche, chacun des passagers du taxi et de l’autre voiture souffre d’une blessure légère ou grave. En outre, les deux engins à quatre roues furent tellement cabossés sous l’effet du choc qu’ils seront découpés au marché de Médina coura. Les pièces détachées récupérables seront vendues
Les parents et amis des blessés informés le plus tôt possible grâce à la magie de la téléphonie mobile sont venus des quatre points cardinaux de Bamako. Les uns sont évacués vers des structures sanitaires spécialisées privées ou publiques, les autres faisant bien partie du cortège mais non impliqués dans cet accident furent ramenés à la maison. En conséquence, l’argent destiné aux griots qui avaient commencé à complimenter les convives de manière extravagante a servi à financer les premiers soins. Les beaux habits, les belles paires de chaussures et les maquillages coûtant plusieurs mois d’efforts physiques ont été aussi abimés. Le reste de la journée de ce Dimanche 18 juin 2023 s’est déroulé avec les visages qui cachaient la tristesse avec peine
« Si le Dimanche à Bamako est le jour des mariages » tâchons qu’il ne perde sa définition symbolique en devenant « le jour de tous les problèmes ». Ce qui serait en contraste avec le sens attribué par le couple malvoyant (Amadou Bagayoko et Mariam Doumbia) à leur chanson. En clair, il y a un petit pas entre le cortège de mariage et celui funèbre que certains Bamakois risquent de franchir avec vélocité s’ils ne font pas attention. Le service de la protection civile qui, au passage, mérite d’être salué pour ses efforts de chaque instant et surtout son professionnalisme sauvant des vies ne pourrait en dire le contraire. Puisse Dieu nous donner la capacité de renoncer aux mauvaises attitudes qui nous nuisent
O.Bah
