Multiplication des vols à l’arraché : La gent féminine prise pour cible

À l’image des capitales des pays voisins, la ville de Bamako aussi connait de plus en plus des phénomènes liés à l’arrivée massive des gens de divers horizons. Le banditisme d’un nouveau genre tel que « le vol à l’arraché » voit le jour mettant encore la population dans une insécurité quasi résiduelle.

Si chaque activité humaine présente ses aspects positifs et négatifs, être conducteur de mototaxi à Bamako (un métier imité à partir de l’Inde et du Benin) n’a pu échapper à cette règle. En effet, certains profitent aujourd’hui de ce travail lucratif en s’adonnant au banditisme, au proxénétisme et même au vol à l’arraché. Difficile de passer une seule semaine au Mali sans apprendre un cas se raconter dans les lieux publics ou pendant le trajet du transport en commun.

Les voleurs à l’arraché visent particulièrement les femmes que les hommes pour trois raisons principales. Primo, nos épouses sœurs et filles peu importe leur destination (long ou court parcours) se déplacent toujours en portant un sac à main voire un ballot d’habit plus ou moins lourd posé sur la tête. Secundo, elles sortent de la maison en ayant le téléphone dont elles ne cessent d’écouter la playlist au moyen d’une paire d’appareil auditif.

Elles ont aussi la manie de pianoter le clavier de leur téléphone presqu’à tout instant et en tout lieu afin de s’imprégner de la vie privée des stars, de se distraire grâce aux jeux vidéo et de contempler les images insolites notamment celles diffusées sur la plateforme chinoise Tiktok. Tertio, elles sortent toujours accompagnées par un ou plusieurs enfants.

Chacun de ce comportement rendant tout être humain moins vigilant fait qu’il devient difficile voire impossible pour la gent féminine de se concentrer afin de pressentir tout acte suspect au sortir de la maison, durant le déplacement, le long de l’itinéraire emprunté et pendant une cérémonie sociale heureuse ou malheureuse qui ne peut se dérouler sans leur participation active.

Que se passe-t-il, quand et comment ? Voici quelques éléments de réponse obtenus auprès d’un conducteur de mototaxi qui, ayant probablement par le passé commis les faits dont nous racontons, a décidé de garder l’anonymat. À l’entendre, les bandits acceptent de consommer du carburant qui coûte actuellement cher en vadrouillant en ville à la quête des proies faciles. Peut-on faire des omelettes sans casser des œufs ? Non !

En duo ou en solitaire, dès qu’ils repèrent la victime distinguable de par le caractère innocent de ses comportements en public, ils examinent d’abord et rapidement en quelques secondes le lieu pour se convaincre qu’il est propice à leur délit. Si leur conclusion est rassurante, ils s’en approchent correctement en évitant d’éveiller tout soupçon. Ensuite, ils posent ces questions en langue nationale Bambara : « Madame, avez-vous besoin d’un taxi ? Ma sœur, où allez-vous ? Ma chérie, où veux-tu que je t’amène ? »

Ignorant ce qui se prépare, certaines femmes répondent à ces interrogations par oui ou non selon qu’elles soient ou non dans le besoin de solliciter leur service. Les autres restent silencieuses ou hochent la tête de manière désintéressée. Le bandit conducteur de mototaxi très près de la victime qu’il a choisie arrache en un clin d’œil son téléphone ou son sac à main. La vitesse nécessaire à son engin étant engagée par anticipation, il démarre en trompe en fuyant tel un éclair. Le temps pour la femme de crier à tue-tête au voleur dans le but d’alerter les gens, le malfrat disparait dans la circulation en zigzaguant entre les engins ou en virant dans la ruelle qui suit le lieu où il vient de commettre le vol à l’arraché.

Celle qui était quelques minutes plutôt poliment appelée par le moto taximan « Madame, ma sœur ou ma chérie » n’a plus que ses yeux pour pleurer ou sa bouche pour le maudire. Le mal étant fait, les unes soucieuses du contenu de leur téléphone ou celui de leur sac à main partent faire une déclaration au niveau du commissariat de police du ressort. Les autres qui estiment n’avoir grand-chose à perdre se résignent.

Parfois certaines bonnes volontés ayant suivi la scène, enfourchent immédiatement leur engin à deux roues en se lançant dans une course poursuite dans le but d’attraper l’auteur du vol à l’arraché. Cependant, elles sont rares à gagner ce pari qui exige de rouler en méprisant toutes les règles de la conduite. Poursuivre est sans conteste très périlleux pour les gens de bonne foi mais salvateur pour les malfaiteurs qui prennent toutes sortes de risques afin d’échapper sachant bien le sort qui sera le leur s’ils sont arrêtés.

En somme, la patrouille pédestre qui se mène en ville depuis des mois par la police nationale doit évoluer dans les endroits isolés en vue de prévenir voire freiner ce nouveau mode opératoire de certains bandits qui ciblent la gent féminine. Puisse Dieu nous préserver !

Oumar BAH

 

 

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