Dans la première région de notre pays, la question de l’esclavage n’est pas un sujet tabou. Dans le cercle de Yelimané, plus précisément dans l’arrondissement de Tambacara, le phénomène est plus inquiétant et précis. Ici, les communautés porteuses des patronymes Diarra, Coulibaly, Traoré etc, y étaient considérées comme des esclaves par la majorité des Soninkés qui s’y trouvent.
A la faveur d’un vent heureux, une prise conscience a été faite au sein de cette communauté, surtout du côté des « esclaves ». À cet effet, ces anciens esclaves sont devenus des affranchis.
Malheureusement, il se passe que cette nouvelle donne n’est pas l’avis de tout le monde. Elle est vivement désapprouvée par ces Soninkés, jadis considérés les maitres de ces dits esclaves.
Dans la foulée de leur mécontentement, les maitres ont pris des mesures pour exproprier ces « anciens esclaves » des champs qu’ils cultivaient depuis des années. L’affaire est alors devenue si complexe que le préfet de Yelimané semble carrément dépassé.
Se prononçant sur cette pratique inhumaine, le gouverneur dira qu’un forum régional sur le sujet, est en préparation. Et qu’à travers cette rencontre qui regroupera toutes sensibilités de la région, l’occasion sera bonne pour faire comprendre à ces « maitres esclavagistes » que le contrat qui les lie à ces « esclaves » est périmé, archaïque et inacceptable dans la République. Mieux, le gouverneur précise qu’il s’agira aussi de bannir les termes « maitres » ou « esclaves ».
Depuis quelques années ici à Kayes, ces « maitres » et « esclaves » se convoquent sans cesse au tribunal. Pour le Gouverneur, le problème n’est pas judiciaire car, dit –il : « La justice ne peut que gérer les manifestations de l’esclavage, l’aspect superficiel, et non le problème lui-même.»
Le Dogon
