Le Premier ministre reconduit à la tête du gouvernement, le samedi 1 Juillet 2023, à la faveur d’un remaniement attendu, a fait une déclaration fracassante, le lundi 17 juillet, qui n’aurait pas laissé une certaine opinion indifférente. Des commentaires qui s’en sont suivis, s’interrogent en terme d’aveu d’incapacité ou signe prémonitoire de la transition en cours dans notre pays ? Lire notre décryptage des propos de Choguel Kokalla Maïga.
Piochés au gré des centres d’intérêt d’une frange imposante de la population, certains passages de cette sortie du P.M se prêteraient à commentaire. « Je sais que nous sommes prêts à tout parce que l’autre peuple est mobilisé », a-t-il laissé entendre. Y aurait-il deux peuples au Mali ? En tant que chef de l’exécutif, sa phrase donnerait-elle raison à celles et à ceux qui l’auraient taxé d’être le concepteur et le metteur en scène d’un clivage dans notre pays ?
« Le patriotisme et tout ce qu’on dit là, le citoyen cherche à manger. Tous ceux qui nous soutiennent aujourd’hui, s’ils n’ont pas mangé demain ce sont les mêmes qui vont prendre les cailloux pour nous renvoyer », aurait-il, de ce point de vue, enfoncé le clou ? Son règne à la primature serait-il fondé sur une simple propagande décriée par ses détracteurs ? Aurait-il maintenant su que beaucoup de Maliens préfèrent la sécurité alimentaire permettant de vivre à celle physique dont la logique n’aurait que pour conséquence la famine ? Sur un tout autre plan, l’orateur du jour n’a pas manqué de s’exclamer en ces termes : « Il vaut mieux travailler et quitter à temps avant d’être renvoyé ». Le contexte lui aurait-il fait pressentir une éventuelle éjection ? Le temps nous le dira.
Capitalisant dans ses expériences d’homme politique qui mieux que lui pour déclarer : « …Ceux qui vous applaudissent aujourd’hui, demain ce sont les mêmes qui vont vous dire ce que vous nous avez donné ‘’A diyara an yé. Nga an bé fén wéré fé. Ni awou téssé ayé ta kaboyi », a-t-il ajouté en langue nationale Bambara. Craint-il de subir le sort infligé à certains de ses prédécesseurs remerciés parfois pour excès de compétence ou par incompétence ?
« Il faut qu’on fasse tout sur le plan du développement économique et social, les discours patriotiques et nationalistes, peuvent tenir un, deux ou trois ans. Sur la durée c’est l’économie qui tient », a clairement dit le chef du gouvernement, comme s’il voulait révéler à l’opinion nationale et internationale la vacuité des caisses de l’état longtemps évoquée par les uns mais toujours démentie par les autres. Les effets des sanctions internationales non dites qui asphyxient le Mali depuis le renversement en juillet 2020 du président feu IBK seraient-ils en train de se faire sentir ?
« Aujourd’hui, notre gouvernement est totalement centré sur ça. Le ministre de l’économie et des finances et le ministre des affaires étrangères cogitent nuit et jour comment y faire face », a reconnu Choguel Kokalla Maïga. Un extrait qui laisserait plus d’un perplexe, au regard du malaise socioéconomique criard sous lequel ploie la population depuis les effets conjugués de l’embargo et de la crise sécuritaire.
Pourvu que l’histoire têtue à retenir les faits par devers elle ne s’évertue pas à rappeler qu’il fut une fois, un premier responsable d’un mouvement lors d’une de ses sorties a dénigré les militaires, soutenant que ces derniers se camperaient à Bamako, refusant d’aller au front à l’intérieur du Mali ? Le dernier remaniement reste de l’avis d’observateurs avertis un message annonciateur d’une disposition à corriger pas mal de tirs. Et si le PM en avait un pressentiment ?
En tout état de cause, de 1960 à nos jours, rarement un chef de gouvernement n’aurait tenu un tel discours aussi inattendu assortis d’autant de commentaires. Le sentiment d’être proactif s’adjugerait le mérite de contribuer à conduire un processus dont le dénouement fera de Choguel un héro avec ou sans palme.
Oumar BAH