Il faut le dire…Une assemblée « A ba yaada !«
« Ouf, c’est fait, je l’ai mon assemblée, fini le cauchemar ! » A l’issue de ces élections législatives inédites, c’est sûrement l’expression que se disputent le président IBK, le jeune premier ministre (PM) Boubou Cissé et le ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation Boubacar Alpha Bah, Bill pour les intimes.
Inédites elles l’ont été, ces élections d’abord, par le fait qu’elles se sont déroulées sur les deux-tiers du territoire national, dans une atmosphère délétère, empestée par deux phénomènes létaux : le terrorisme et le COVID-19. Inédites elles l’ont été aussi, car c’est la première fois qu’on assiste à des violences sur des hommes politiques dans notre pays avec prises d’otages.
Inédites également parce que, dans notre pays, c’est aussi la première fois qu’on a vu des personnes mises en examen, donc aux mains de la justice solliciter le vote de leurs concitoyens. Inédites enfin car, c’est la première fois qu’on observe de façon prononcée, des coalitions contre-nature de partis qui prouvent a posteriori l’inexistence de partis politiques, définis, comme porteurs de projets de société.
Au Mali, on vote individu et non projet de société. Ceci n’est pas symptomatique à ces seules élections, mais elle s’est davantage accentuée au cours de ces législatives. La conséquence de tout ceci est le rôle prépondérant que joue de plus en plus l’argent dans les consultations électorales au Mali : la députation s’achète. Comme aux enchères, le plus offrant l’obtient.
Sans présager des résultats officiels qui vont tomber certainement au plus tard la semaine prochaine, le décompte des résultats provisoires indiquent que le président IBK aura sa majorité et mènera à sa guise et légalement toutes les réformes qu’il initiera, à moins d’une mobilisation exceptionnelle de la société civile.
C’est pourquoi, pour lui, ces élections constituent la fin de l’illégalité et de l’illégitimité de l’Assemblée Nationale qu’on lui brandissant chaque fois qu’il se référait au parlement. Et donc pour Laji Burama « Ouf, c’est fait, je l’ai, mon assemblée, fini le cauchemar » a bien une signification.
De même pour le PM Boubou Cissé, « Ouf, c’est fait, je l’ai, mon assemblée, fini le cauchemar ! » car, le défi qu’il avait à relever, n’était pas gagné d’avance et surtout par le fait que la situation sécuritaire s’est davantage dégradée, notamment dans le centre du pays, depuis son arrivée à la primature.
Enfin, pour Bill, c’était aussi un challenge à relever surtout après son passage peu auréolé, au gouvernement en tant que ministre délégué auprès du Premier Ministre, chargé de la promotion du secteur privé dans les années 90 avec Alpha Oumar Konaré. Il lui fallait donc redorer son blason, vis-à-vis de ses camarades surtout, car les jeunes ne connaissent pas grand-chose de son passé et il est sans intérêt pour eux. Pour Bill, pari réussi et, l’expression « Ouf, c’est fait, je l’ai, mon assemblée, fini le cauchemar » lui sied à merveille.
C’est dire que l’Assemblée Nationale que vous aurons bientôt à Bagadadji, cette assemblée que nos « beaux-parents » du nord qualifierons d’assemblée « A ba yaada » c’est à dire une assemblée « vaut mieux que rien », avec toutes les insuffisances qu’on pourrait lui reprocher, était nécessaire.
Ce nouveau parlement, qualifié de « A ba yaada », c’est dire « vaut +mieux que rien », fera que le pays sortira de la léthargie politique dans laquelle il est plongé depuis bien longtemps. Et, ne serait-ce que pour cela, on ne peut que féliciter Laji Burama et son gouvernement.
…sans rancune
Wamseru A. Asama