En 2013, avec l’opération Serval qui a permis de libérer de l’emprise des jihadistes les trois-quarts de leur territoire, les maliens, ont célébré la France et son président de l’époque, François Hollande.
Après quelques semaines de liesse et d’euphorie, très vite une partie des maliens a compris que la France n’avait pas joué franc-jeu et que son agenda était différent de celui du Mali.
En effet, dans son action de libération de tout le territoire, la France a encouragé et même suscité la création de l’enclave de Kidal, interdite à l’armée malienne ; par conséquent échappant à l’autorité nationale déjà mal en point. Cela a créé dans l’opinion publique malienne, une défiance et même une hostilité envers la France.
Avec les forces de l’opération Barkhane et avec quelques coups d’éclat qu’elles ont effectués en neutralisant un certain nombre de terroristes, une certaine confiance avait commencé à renaître. Hélas, ce fut le désenchantement, car les violences se sont propagées dans les régions jusqu’ici épargnées : Mopti, Ségou, Koulikoro et même Kayes. Simultanément aux forces de Barkhane, les troupes de l’ONU, à travers la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) se sont déployées dans les régions du nord puis, du centre. La concomitance des présences des forces Barkhane et de la MINUSMA a comme encouragé les violences, en intégrant des évènements inédits, jamais vus au Mali : conflits intercommunautaires violents, avec armes de guerre !
D’un côté, les forces étrangères, principalement Barkhane et MINUSMA, arguent qu’elles sont au Mali, la première pour combattre le terrorisme ; et la deuxième, pour protéger les civils et stabiliser la situation. Pour elles, pas question d’agir en lieu et place des Forces Armées Maliennes et de Sécurité (FAMAs). Tout au plus, elles leur donnent des appuis logistiques.
De l’autre côté, les maliens constatent : des troupes étrangères sont venues les aider, ils ne comprennent pas que les violences au lieu de décroître, s’accentuent, et que les forfaitures se réalisent sous leurs yeux, malgré tout l’arsenal et le savoir- faire dont elles disposent. Il y a donc là soit une absence de volonté de venir en aide aux populations aux mains nues, soit une complicité avec les terroristes, qui ne dit pas son nom. C’est cela le quiproquo qui existe entre le malien ordinaire et les forces étrangères, et cette méprise ne sera pas levée tant que leur présence, ne pourra pas endiguer les violences. A la limite, pour le malien moyen, ces forces sont inutiles et même nuisibles.
Il faut donc comprendre ce sentiment de révolte, de ras le bol des populations, qui s’exprime par des manifestations d’hostilité non seulement vis à vis des forces étrangères mais aussi du pouvoir en place. En cela leur comportement confirme cette pensée de l’écrivain et philosophe français, Denis Diderot : » Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples. Au-delà de ces limites, c’est ou la mort, ou la fuite, ou la révolte ».
…sans rancune
Wamseru A. Asama