Le Mali est en proie à une impasse sécuritaire, source d’une grave rupture dans le vivre ensemble caractéristique du pays. Nous nous sommes penchés sur la question. Et nous avons placé les questions de violations des droits humains au centre des débats. A cet effet, nous abordons les questions de crimes extrajudiciaires ; l’impunité ; l’incivisme…
Depuis 2012, les droits des citoyens maliens sont gravement affectés par l’irruption des conflits armés dans le septentrion et le centre du pays.
Aux souffrances provoquées par les hostilités entre rebelles séparatistes et armée malienne, s’ajoutent les attaques djihadistes et les conflits intercommunautaires.
Exactions, viols, mutilations et assassinats sommaires, les civils payent au jour le jour un lourd tribut dans ces parties du Mali, devenues l’épicentre de la violence et de l’impunité.
Dans son dernier rapport annuel de 2019, publié le 10/02/2020 l’ONG de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch, a dénombré près de 500 morts dans le centre du Mali, dont plusieurs enfants et femmes.
Ce chiffre qui a battu le record, érige l’année 2019 comme la plus meurtrière, depuis le début de la crise en 2012.
L’impunité que bénéficient les auteurs du massacre de Ogossagou, Koulongo, Mondoro, Aguelhok etc, a contribué à l’affaiblissement considérable de l’Etat Malien. Cela est d’autant clair que des citoyens lambda ont perdu la foi aux institutions exécutives, législatives et judicaires, qui sont pourtant les principes fondamentaux de la démocratie.
Voilà une des raisons qui justifient le fait que l’armée malienne soit taxée de partialité et sur des communautés vulnérables au centre du pays.
Sur les réseaux sociaux, cette armée n’est pas épargnée ; encore moins les groupes ethniques accusés de crimes.
Aujourd’hui dans le centre du Mali, réclamer son appartenance à une communauté, quelle soit dogon, peule, bambara ou autres, peut facilement conduire à la mort. Sans la moindre crainte de rendre compte, les djihadistes mutilent, terrorisent et tuent.
Les victimes, à leur tour, s’organisent pour se défendre, voire se rendre justice par les armes. Selon des sources concordantes, l’attaque d’Ogossagou qui a causé la mort d’une centaine de personnes aurait été en représailles à l’attaque de Sabèrè qui a causé la mort de 7 civils. De même celle de Sobane Dah qui a causé la mort de 35 civils aurait été faite en représailles au massacre du village d’Ogosagou.
Ainsi de suite, est montée en flèche la spirale de violences entre communautés Dogon, peul, Bambara et l’armée.
Dans le rapport annuel d’Amnesty International, publié le 8 Avril 2020, l’expert indépendant Onusien Alioune Tine, sur la situation des droits de l’homme au Mali, déclarait : « la situation sécuritaire au Mali a maintenant atteint un niveau critique. Avec une présence limitée des institutions de l’Etat dans certaines régions, des violences sur fond de tensions communautaires et des attaques terroristes de plus en plus meurtrières se font contre les forces de l’ordre ainsi que les civils. »
Bien que l’ONU et Human Rights watch ont appelé le gouvernement à situer les responsabilités afin que justice soit rendue, nos leaders politiques se complaisent dans le silence.
A présent, les autorités judicaires n’ont toujours pas interrogé, encore moins poursuivi les responsables djihadistes, impliqués dans les massacres de civils.
Au regard de ce qui suit, force est de constater que le débat sur les droits de l’homme au Mali est loin d’être résolu.
Il reste donc nécessaire de rompre avec ce silence coupable et de placer la question des droits de l’homme au centre de l’actualité.
Aussi, l’impasse politique et sécuritaire au Mali reste fortement liées à la problématique des droits de l’homme.
Enfin, rappelons que le pari de la démocratie, la bonne gouvernance et la réconciliation nationale au Mali ne pourrait-être gagné que sous couvert du respect des droits de l’homme, c’est-à-dire la lutte contre l’impunité et l’instauration de la « justice juste. »
Oumar ONGOIBA