Du vendredi 23 au samedi 24 juin 2023, le groupe Wagner a soudainement retourné son arme contre le président russe qui l’a créé. Le Mali et la Centrafrique qui ont confié la gestion de leur sécurité à cette armée privée de Vladimir Poutine doivent-ils s’en inquiéter ?
Cette rébellion de Wagner mise par certains dans le cadre de la « stratégie militaire » de Moscou a du mal à trouver une place dans les esprits des futés qui se posent un tas de questions. Ils réfutent cette hypothèse en argumentant qu’un « Repli stratégique » qui est bien différent d’une « volte-face » s’opère normalement sans faire des victimes ni de destruction. Ce qui, selon eux, n’a pas été le cas des mercenaires de Wagner ne jurant que pour le lucre
Ils n’ont pas totalement tort parce que le chef de l’Etat russe Vladimir Poutine en qualifiant cet acte de trahison a affirmé dans un de ses discours qu’il ne va jamais le tolérer. Ses propos trouvent tous leurs sens quand Washington et l’Organisation du traité d’atlantique nord (OTAN) crée le 4 avril 1949 sont soupçonnés d’en être les commanditaires. Un adage africain dit : « Quand tu vois ton ami porter l’habit de ton ennemi, tu dois t’éloigner de lui ». Autrement dit, si l’on s’en tient à la supposition selon laquelle Evguéni Prigojine a tourné sa veste contre Poutine en joignant l’OTAN en échange de quoi que ce soit, les pays dont la sécurité est gérée par les éléments de Wagner notamment africains en sont intrigués
Pour preuve, le mardi 27 juin 2023, l’émission « Questions d’Actu » produite et diffusée par la chaine marocaine Médi 1 a invité sur son plateau Hassane Saoud expert en sécurité et stratégie, Mustapha Sehimi politologue et Pr de droit ainsi que Zakaria Abouddahab Pr de relations internationales. À entendre les explications de ces trois personnalités de marque, la Russie à cause de ce revirement de situation de Wagner a perdu un élan dans sa progression pour la prise de Kiev (la capitale ukrainienne) qui allait sonner la fin de ce conflit dont l’une des conséquences fut le chamboulement de l’ordre mondial
Ils soutiennent que le président Poutine a des raisons de s’inquiéter parce que ce groupe qu’il a créé est la plus puissante armée privée au monde. C’est pourquoi l’appel à l’assurance lancé par le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov après cette mutinerie des éléments d’Evgueni Prigojine le patron de Wagner a eu moins échos. Ce fait a certainement installé des appréhensions dans la tête de certains dirigeants africains qui font recours au service de ce groupe via les autorités moscovites
Poutine va-t-il abattre le monstre dont il a mis au monde pour assurer et accroitre ses succès militaires ? Cette interrogation se pose dans certaines capitales européennes et africaines. Et le jeu en vaut la chandelle pour un président russe qui doit murement réfléchir avant de prendre une telle décision de portée importante. Est-il d’une part entre le marteau à cause de l’OTAN et d’autre part l’enclume que constitue Prigojine ?
Mieux, la dissolution de Wagner mettant Moscou à l’abri de tout autre risque serait évoquée dans le milieu diplomatique. Quand et comment ? Si ce scénario se produit quel sera le sort des pays notamment africains dans lesquels Wagner intervient ? A part Poutine, nul ne saurait y répondre. En tout cas, cette volte-face se passe dans un contexte particulier au Mali qui commence à tourner la page du terrorisme et à retrouver sa souveraineté tant rêvée grâce à la compétence des hommes formés par Prigojine
D’ailleurs, en espérant envisager l’option militaire en guise de solution à la lancinante et irascible question de Kidal, notre pays comptait-il sur le soutien de Moscou ? Les jours à venir nous en diront plus
Oumar BAH