Denké Kossi à l’état civil est né en 1958 à Lomé. Très tôt il se passionne pour le handball, à tel point qu’il devient la star du lycée d’Agbodrafo (35 km de Lomé).
Ce n’est qu’à l’âge de 16 ans qu’il prend goût au football et choisit de prendre place dans l’axe central de la défense. Grâce à sa clairvoyance, son sens de l’anticipation, son physique (1m80 pour 80 kilos), il gagne ses galons de titulaire au sein de l’équipe du Lycée technique d’Adidogomé (Lomé) et ses amis lui collent le surnom « oiseau » (qu’il ajoutera à son état civil), grâce à ses victoires dans les duels aériens.
Profitant de la réforme des clubs de 1978, attribuant à chaque zone administrative une équipe, il est enrôlé par l’équipe des aiglons de Lomé, avec laquelle il atteint les demi-finales de la coupe UFOA en 1982.
Auparavant, il remporte avec le onze togolais, le tournoi du conseil de l’entente en 1979 à Abidjan, où notre regretté confrère Boubacar Kanté lui attribue le sobriquet de « tour de contrôle de la défense togolaise ».
Cinq ans plus tard, il est avec ses coéquipiers Assogba Yaovi, Kodjovi Mawuena, Rafiou Moutairou, Alassane Nassirou, l’un des artisans de la qualification du Togo à la CAN, après 12 ans d’absence. Sur le lieu de compétition, malgré les résultats peu flatteurs des « éperviers », le public sportif africain retient la prestation de ce longiligne libéro au grand sens de l’anticipation et au jeu de tête inimitable.
Après la CAN, il quitte discrètement son pays, pour renforcer l’équipe panafricaine de l’Africa Sports d’Abidjan (qui comptait plus d’une demi-douzaine de nationalités et que Kanté Boubacar appelait l’équipe OUA) du puissant Simplice de Messe Zinsou.
Malheureusement, il est repéré dans son hôtel par le président de la fédération togolaise de football, qui procède illico, à son rapatriement. Employé à l’aéroport de Lomé, il continue à évoluer avec son club des aiglons, tout en cherchant à monnayer son talent en dehors des frontières de son pays.
Grâce à un subterfuge, il arrive à partir en hexagone en 1985 et à signer à Châteauroux. L’année suivante, après la rétrogradation de son club en troisième division, il pose ses valises à Bourges. Il évoluera dans des divisions inférieures en France et en Suisse jusqu’à sa retraite en 1994.
Il quitte le milieu du football et profite des connaissances acquises au lycée Technique d’Adidogomé pour devenir comptable dans une entreprise de la place. En 1998, il joue le rôle de conseiller technique auprès du coach des « éperviers », l’allemand Ebshuar Vogel, lors de la CAN du Burkina Faso. Ne pouvant jouer pleinement son rôle, il quitte sa fonction et retourne en France. En 2000, il est élu footballeur togolais du siècle. Malade pendant des années et amputé des deux jambes, l’oiseau du quartier « Aguiar-Komé » de Lomé, effectue son dernier envol le 16 Mars 2014 en France.
L’année suivante, il est honoré par certains de ses ex coéquipiers à travers un match de football. Depuis, seuls les nostalgiques se souviennent de lui. Aucune action n’est entreprise afin que nul n’oublie « la tour de contrôle de la défense togolaise ». Dors en paix Wazo. « A Dieu nous appartenons et à lui nous retournons ».
Mohamed Soumaré
Consultant sportif