C’était un week-end en commune I du district de Bamako. Une jeune femme que nous surnommons Yagaré a rendu visite à ses parents dans un quartier de la rive droite. Sur le chemin de retour, la jeune mariée a jugé nécessaire d’emprunter un taxi. Histoire de revenir au plus vite auprès de son mari, un aventurier revenu en congé au bercail après des années en France.
Le marché conclu, la jeune femme ouvre la porte de la cabine de derrière. Aussitôt embarquée, la cliente et le chauffeur se lancèrent dans une longue conversation au point que ce dernier n’a pas voulu prendre d’autres clients qui faisait pourtant signe de main au cours du trajet. Tout se passait bien jusqu’au moment où la jeune mariée lève le voile sur le visage caché pour voir clair dans les alentours si elle est bien arrivée à destination. Convaincue, Yagaré fait signe de main pour demander au chauffeur de s’arrêter. Visiblement envoûté par le beau visage de la dame à la voix douce, notre chauffeur ignore en appuyant sur l’accélérateur. Le véhicule poursuit sa route jusqu’à un endroit isolé.
Ne soupçonnant pas le moindre regard, le chauffeur s’arrête et demande à la jeune dame de se déshabiller pour des rapports intimes. Les supplications de la malheureuse cliente n’apaiseront pas les caprices du pervers. Le forfait consommé, la jeune femme demande de la déposer à un endroit un peu proche de son domicile. Une proposition que le chauffeur ne daigne pas accepter, évitant le risque d’être pris aux pièges par les parents ou proches de sa victime.
Au moment de s’embarquer, le chauffeur n’a pas imaginé que la jeune femme savait lire et écrire. Celle-ci ne laissant pas non plus planer l’ombre d’un soupçon attend qu’il tourne le volant. Elle en profite pour mémoriser le numéro la plaque d’immatriculation du véhicule, qu’elle note ensuite sur un bout de papier.
Revenue à la maison, la jeune femme se rend au petit marché du quartier où elle retrouve un groupe de chauffeurs autour du thé. Après avoir raconté sa mésaventure avec le malade sexuel, la jeune femme en larmes remit le numéro de la plaque aux syndicalistes qui promettent à leur tour de mener des enquêtes.
Dans le désespoir de ne pouvoir donner suite aux sollicitations de la dame, les syndicalistes sont surpris par l’apparition d’un visage étranger. Après la vérification de la plaque de son véhicule, ils ont décidé de lui poser des questions. Au mystérieux visiteur, on demande s’il lui arrive d’emprunter son véhicule à un « américain » (dans le jargon des chauffeurs de taxi, un chauffeur irrégulier qui profite du temps de repos du propriétaire du véhicule pour travailler). A cette question, notre visiteur jure n’avoir jamais emprunté son véhicule durant ses heures de repos. C’est en ce moment que les syndicalistes profitent pour envoyer un messager de la famille de la femme voilée.
Arrivée sur le lieu, Yagaré n’a pas eu de peine à reconnaître son bourreau qu’elle surprend entouré par un groupe de chauffeurs. Puisque le mari de la jeune dame était déjà rentré à Paris, les chauffeurs, craignant l’irréparable, l’ont suppliée de ne pas appeler d’autres membres de sa famille. Le reste ? Ils vont s’en charger eux-mêmes.
Rejoints par une foule de jeunes, alertée par des échauffourées, les chauffeurs se lancèrent furieux sur l’infortuné chauffeur. Des coups de poing, aux coups de bâtons qui viennent de toute part, le malheureux violeur échappe de justesse à la mort. Comme il connaissait déjà le quartier, il se dirige dans sa course folle vers le commissariat de police où il réussit à se jeter dans la cour. En titubant sous les coups des cailloux qui le poursuivent jusqu’à l’intérieur, il parvient à éviter le lynchage en se jetant dans les bras des jeunes policiers qui l’ont sans doute sauvé d’un trépas certain et non lui éviter une comparution devant les assises.