Militarisation de la police nationale : la synergie des syndicats de la Police nationale désapprouve le projet

Jusqu’où ira le bras de fer ? Au moment où le Conseil national de Transition s’apprête à valider le projet de loi sur la militarisation de la police nationale et de la Protection civile, plus d’une dizaine de syndicats de Police sont montés au créneau.
Mardi dernier 18 octobre 2022, la Synergie des syndicats de la Police nationale a qualifié le projet de militarisation de la police nationale d’une « militarisation déséquilibrée ». Déclaration faite à la faveur d’un point presse que les syndicalistes ont animé le même jour à Bamako.
« Militarisation déséquilibrée »
Selon le communiqué, les syndicalistes déplorent le manque de discussion autour du projet. Dénonçant « la matérialisation sur le papier de ce qui est déjà une réalité sur le terrain », la synergie rappelle que « malgré ses maigres moyens, la Police est présente sur les théâtres d’opérations, partout sur l’ensemble du territoire national et participe à la défense opérationnelle du territoire, mission qui en temps normal est dévolue à l’Armée ».
Soulignant les « dangers liés à une militarisation déséquilibrée », ils ajoutent que le projet remettrait en cause les acquis de la Police nationale dans sa spécificité. « Puisque la Police est au service du peuple, elle pourra se réserver le droit d’épiloguer sur la pertinence ou non d’un tel projet de loi et partant, s’y conformer. Ce qui est sûr, si cette militarisation émane du peuple, ce même peuple demandera la démilitarisation un jour », ajoute ledit document.
Ce ras-le-bol de la synergie des syndicats de la Police nationale intervient quelques semaines après l’annonce par les autorités de la transition du projet de militarisation de la police nationale et de la protection civile. Selon le communiqué du gouvernement rendu public, cette décision permet de déployer la police nationale dans les zones reconquises par l’Armée afin d’y assurer la sécurité des populations et de leurs biens et empêcher le retour des forces du mal ». Elle serait à l’origine, une recommandation des Assises nationales de refondation de l’État organisées en décembre 2021.
A en croire le communiqué du gouvernement, les fonctionnaires de la Police nationale et de la Protection civile, seront engagés dans les opérations et bénéficieront désormais des mêmes avantages que les forces armées. Devant cette annonce, les avis divergent au sein de l’opinion publique. Les uns qui dénoncent une volonté politique visant à faire taire les revendications d’un corps et les autres qui saluent l’initiative, chacun y va avec ses explications.
Approbation
En attendant le vote du projet de loi, les syndicalistes ont rencontré les membres du Conseil national de Transition, l’organe législatif, pour échanger autour du sujet. Au cours de cette rencontre, ils auraient demandé des garanties en amont du maintien des corps et grades en ayant des équivalences avec ceux de l’armée afin d’avoir une grille harmonisée dans le nouveau statut.
D’où la proposition du renvoi dudit projet pour mener des discussions préalables, afin d’aboutir à un projet consensuel dont les contours seront déjà connus avant l’adoption, car, souligne le communiqué de la synergie, la Police a ses spécificités et ses avantages.
Le projet de loi sur la militarisation de la police nationale et de la Protection civile doit être validé par le Conseil national de Transition avant d’être promulguée. Aux dernières nouvelles, le fameux projet est déjà approuvé par le CNT à 111 voix pour, 0 contre et 0 abstention. Reste à savoir, ce qui sera la réaction des syndicats de la Police nationale dans les prochains jours et semaines.
Mamédy Dramé

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