Des adolescents voleurs de compteur d’eau Traqués à Boulkassoumbougou

Ce dimanche 10 novembre 2024, comme à l’accoutumée partout au Mali, les uns prolongeaient leur grasse matinée tandis que les autres s’asseyaient calmement sous l’ombre formée par les façades des maisons et des arbres hauts. Entre 8 h 00 et 11 h 00, cinq adolescents avaient pris du plaisir à s’errer dans certaines rues moins fréquentées du quartier de Boulkassoumbougou sis en Commune I du district de Bamako. Ils se faisaient passer pour des élèves coraniques ou trieurs d’ordures. Dja ! dja ! ce sont des enfants voleurs issus des milieux pauvres.

Apparemment, ils n’étaient à leur premier coup. En effet, sans attirer l’attention de qui que ce soit, ils ont, au moyen d’un outil approprié pour lequel ils méritent un brevet d’invention, arraché un premier compteur d’eau servant quatre des huit appartements mis en location par la propriétaire. Ils l’ont dissimulé dans des objets disparates. Au moment où ils s’apprêtent à arracher un deuxième, soudain, un habitant sorti pour ses courses chez le boutiquier situé au coin de la rue, les a surpris.

Il a crié « aux voleurs » qui a été entendu à des centaines de mètres. Les garçons de 12 à 16 ans salis à l’extrême ont pris la fuite en espérant s’échapper. La trainée de poussières qu’ils ont soulevée en courant en est la preuve incontestable. « Où sont-ils partis ? Quelle direction ont-ils prise ? », pouvait-on entendre par-ci par-là. « Ils étaient assis dans la rue d’un tel – ils sont allés par-là », s’écriaient certains résidents enragés d’apprendre le dégât qui vient d’être causé à une voisine retraitée depuis de longues années.

Tout de suite, à l’aide des téléphones portables, une alerte générale fut donnée aux jeunes vivant dans cette partie du quartier Boulkassoumbougou. Éparpillés comme une cohorte de papillons tigres de la forêt amazonienne, ils se sont rapidement lancés à la traque de ce gang infantile. En s’arrêtant souvent pour échanger l’information avec les gens assis dans les rues, ils ont été orientés jusqu’au grand dépôt de transit d’ordures situé à Konatébougou à côté du lycée privé Doulaye Baba non loin du Lycée Fily Dabo Sissoko (LFDS).

Là, les jeunes qui ont fait preuve d’un courage salutaire ont mis la main sur l’un des adolescents voleurs qui, dans un premier temps, a nié les faits. Entretemps, ses compagnons ont réussi à prendre la tangente. Une gifle d’une rapidité identique à celle d’un éclair de tonnerre lui fut infligée. Il ne s’empêcha de pleurer comme si sa bouche était fendue au moyen d’une hache à bois.

Un vieux qui a suivi la scène de loin s’est approché afin d’en savoir davantage. Il a prié cet enfant (voir la photo au visage masqué) de dire la vérité pour écourter les punitions qui vont lui être administrées en présence des curieux ne cessant de s’attrouper au fil des minutes qui passent. Ayant compris qu’il n’a aucune chance de s’échapper à ses apprentis tortionnaires, le petit a, enfin, craché le morceau qu’il vient d’avaler. Il a reconnu les faits.

Sa main fortement serrée par un adulte, il est allé tirer du fond d’un tas d’objets usés, le compteur d’eau qu’ils (lui et ses camarades) viennent de voler à Boulkassoumbougou. Qu’est-ce que vous en faites ? Il a directement répondu en ces termes : « après avoir volé le compteur d’eau, on se cache pour le casser et extraire la partie en bronze que nous partons vendre à 3000 FCFA par unité aux collecteurs des ferrailles usées ».

Suivant son aveu, il a été demandé de le conduire chez ses parents pour qu’ils soient au courant de l’acte que lui et ses compagnons viennent de commettre. Contraint et à bord d’un des véhicules, ce garçon est allé montrer ses géniteurs qui habitent au quartier Fadjiguila au bord d’un marigot insalubre. C’est à côté du Bar dit « Chez Agnès » proche du petit pont portant le nom de Salim Camara, l’un des ex maires de la Commune I. Arrivés sur place, les victimes du vol de compteur d’eau ont vite senti la liberté donnée aux enfants de ce milieu bas qui se livrent à tout ce qu’ils veulent. « Certains responsables de familles (hommes et femmes) ont démissionné pour des raisons financières », ont déploré des témoins. Pour preuve, ce dimanche 10 novembre 2024, étaient absents le père et la mère de l’adolescent qui a avoué que lui et ses camarades s’adonnent au vol des objets métalliques.

Sa maman partie chercher des habits à laver moyennant une rétribution ne devait retourner au foyer conjugal qu’après le crépuscule. Le travail, la destination et l’heure de retour de son père n’ont pu être précisés. Les colocataires et voisins étaient tous moins inquiets comme si le fait que l’un de leurs enfants pris en train de voler (peu importe l’objet) n’est pas un phénomène nouveau dans leur quartier. C’est une pratique banalisée qui ne suscite aucune punition. Et voilà comment certains enfants deviennent des criminels sans pitié et des voleurs qualifiés.

Oumar Bah

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