30% des recettes ! Voilà la valeur qui pousse les travailleurs des centres de référence des six communes du district de Bamako à ne plus vouloir travailler jusqu’à nouvel ordre. Cette décision a été prise et rendue effective par le syndicat des travailleurs depuis le lundi 12 août, au grand désarroi des citoyens.
Malgré la gravité de la situation, devenue de plus en plus insoutenable, les mairies semblent carrément désarmées. Pourtant, c’est aux mairies que les travailleurs sortent leurs griffes. Ils réclament aux collectivités 30% des recettes que génèrent ces structures sanitaires.
De source proche, nous apprenons qu’il avait été convenu de payer ces indemnités à partir du deuxième trimestre de 2019. Mais les mairies auraient systématiquement refusé de payer, précise un responsable du syndicat des travailleurs.
Alors, la colère des travailleurs ne s’est pas fait attendre. Ils ont ainsi décidé de tout prendre en otage dans les centres de santé communautaire ; même les morgues sont bouclés et interdits d’accès.
Interrogée par un confrère, la mairie de la commune V aurait confirmé l’information portant sur la décision de verser les 30% des recettes aux travailleurs. Mais la mairie s’est empressée d’ajouter que du côté de la banque, les comptes sont totalement vides. Quant au comité de gestion, pas plus d’autres solutions que de se cacher derrière un silence coupable.
Pris entre deux feux, les patients et citoyens en besoin de soins, s’interrogent. Ici et là, c’est le même questionnement : « faut –il laisser mourir les gens et les empêcher d’utiliser les morgues parce que vous n’avez pas reçus un cadeau (30%) ?
La question est si pertinente que la notion de « cadeau » est à analyser de près. Nous savons bien que les 30% des recettes ne rentrent ni plus ni moins que dans le registre des extras et non du salaire proprement dit. Bref, faut-il simplement déduire que les travailleurs des centres de santé se battent et laissent mourir les maliens non pas pour leur salaire mais pour un cadeau promis et non exécuté ?
La question est là ; libre à qui peut de donner une réponse précise.
Seybou KEITA