Mali : En quoi consistent les Assises de la refondation ?

Lancées par les autorités maliennes il y a deux semaines au niveau communal, les Assises de la refondation prendront une envergure nationale du 27 au 30 décembre. Cette série de consultations auprès de la population est censée accoucher de recommandations préalables aux élections. Explications.

En quoi consistent les Assises de la refondation ?
<p>Réunion du regroupement des partis politiques pour la réussite de la transition malienne au palais de la culture de Bamako le 8 novembre 2021.</p>

Réunion du regroupement des partis politiques pour la réussite de la transition malienne au palais de la culture de Bamako le 8 novembre 2021.

« Les assises nationales de la refondation de l’État du Mali constitueront un moment privilégié d’examen collectif de conscience et de prospective, un événement précurseur du processus de renaissance de notre pays. » Le chef de la junte malienne Assimi Goïta ne minimise pas les effets de la série de consultations lancée dans le pays depuis le 11 décembre. Comment vont-elles se dérouler ? Comment sont-elles reçues par la population ? 

Quel est l’objectif de ces assises ? 

« Les assises nationales de la refondation […] sont une aubaine pour instaurer entre toutes les filles et tous les fils de ce pays un dialogue franc et direct, afin d’atténuer les querelles infécondes qui tendent à miner le processus de transition en cours. » Ces Assises nationales de la refondation sont présentées par le colonel Goïta comme un moment crucial de la transition ouverte après le putsch de 2020.
Les nombreuses consultations, réalisées d’abord à l’échelle communale, puis de la capitale, et enfin à l’échelle nationale, sont supposées recueillir un grand nombre de recommandations en vue de réformes, destinées à remédier aux maux du pays. À l’issue de ces Assises, la date des élections nationales devrait normalement être fixée et le retour des civils au pouvoir garanti.

Comment vont-elles se dérouler ?

Les Assises de la refondation sont organisées en trois phases. La première se déroule au niveau communal. Les consultations ont eu lieu dans plusieurs centaines de communes à travers le pays à partir du 11 décembre. Un document de travail établi par la commission d’organisation montrait cependant que la tenue des Assises était « impossible » dans plus de 200 localités à cause de l’insécurité.
Le 16 décembre, elles se sont déroulées dans la capitale, Bamako, où tous les corps de métiers étaient invités à soumettre des propositions sur plus d’une dizaine de thématiques. À partir du 27 décembre, l’étape finale des ces assises est censée rendre état de ces rencontres séparées au niveau des communes, des cercles, des régions et des Maliens à l’étranger.

Alors qu’elle avait affirmé que les Assises se tiendraient du 21 au 26 décembre, la junte a fini par déclarer un nouveau report le 23 novembre. Cette annonce avait suscité une large levée de boucliers au sein de la classe politique malienne.

Comment les Assises sont-elles accueillies par la population ?

Le Mali a déjà connu de telles consultations nationales par le passé. C’est d’ailleurs l’un des premiers griefs des organisations qui ont décidé de ne pas y prendre part, avec la demande que les élections aient lieu rapidement.
Le Cadre d’échange, réunion de plusieurs partis et regroupements de partis, a jugé que ces Assises n’étaient qu’une « manœuvre dilatoire » destinée à prolonger la transition, de la part d’un gouvernement « sans repère, ni boussole« . Associé à d’autres organisations, le Cadre d’échange a pris la décision de « rejeter d’office » les conclusions des Assises.

D’autres acteurs importants, au sein du Cadre stratégique permanent (CSP), ont eux aussi prévenu que les conclusions des Assises ne les engageraient « nullement ». Le CSP réunit des groupes armés signataires en 2015 de l’accord d’Alger ( accord signé le 15 mai 2015 à Bamako pour ramener la paix au Mali), considéré comme crucial pour stabiliser le pays.

Une association de soutien à l’imam Mahmoud Dicko, figure tutélaire des protestations qui s’étaient achevées avec le putsch de 2020, a aussi appelé au boycott et a affirmé que les autorités s’adonnaient de plus en plus au « clanisme« . Le CSP et l’association disent avoir été écartés de la concertation.

Quel engagement pris vis-à-vis de la transition politique ?

Le Premier ministre du Mali installé par la junte, Choguel Kokalla Maïga, a insisté sur la tenue des Assises préalablement aux élections. Il a affirmé la nécessité de ne pas rééditer les erreurs du passé et de tenir des élections ne prêtant pas à la contestation.
Bamako a cependant notifié à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) que le Mali serait dans l’incapacité d’organiser les élections en février 2022, invoquant l’insécurité criante dans les régions et la tenue des Assises. La Cédéao avait alors pris la décision de suspendre le Mali de ses organes et a infligé des sanctions individuelles aux officiels jugés responsables du retard à tenir des élections.

Avant la tenue du dernier sommet de la Cédéao du 12 décembre à Abuja, le président de transition malien, le colonel Assimi Goïta, avait écrit au président en exercice de la Cédéao, le chef d’Etat ghanéen Nana Akufo-Addo qu’il s’engageait sur un calendrier électoral : « La République du Mali, par ma voix, s’engage à vous fournir au plus tard le 31 janvier 2022 un chronogramme (calendrier) détaillé qui pourrait être discuté durant une mission de la Cédéao. »

Source TV5

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