Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU au Mali : Juillet et août 2019, très alarmants

Voyons en détails les points saillants de ce rapport.

FAITS SAILLANTS

  • 3,9 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire selon le Plan de Réponse Humanitaire révisé en août
  • Plus de 68 600 personnes sont affectées par les inondations
  • 51 pour cent des villages de la région de Mopti pourraient être touchés par la diminution des surfaces cultivées
  • 98 pour cent des survivantes des violences basées sur le genre (VBG) sont des femmes et des filles

Secteur par secteur

Plan de réponse humanitaire révisé : une personne sur cinq a besoin d’assistance humanitaire

Le nombre de personnes ayant besoin d’assistance humanitaire au Mali en 2019 est passé de 3,2 millions en janvier à 3,9 millions (soit le cinquième de la population du Mali) à la suite de la révision du Plan de Réponse Humanitaire (PRH) en août. Avec cette nouvelle situation, les partenaires humanitaires ciblent maintenant 3 millions de personnes vulnérables comparativement à 2,3 millions dans le Plan initial.

La hausse du nombre de personnes dans le besoin s’explique par la recrudescence des conflits intercommunautaires dans le centre du pays durant le premier semestre de l’année et l’augmentation de la population en insécurité alimentaire. En effet, à cause des conflits, les personnes déplacées internes (PDI) étaient estimées à plus de 168 500 au 31 juillet contre 84 300 en janvier 2019. La population en insécurité alimentaire ou à risque est passée de 3,4 millions (415 000 personnes en insécurité alimentaire sévère et 3 millions de personnes sous pression) selon le Cadre Harmonisé de novembre 2018 à près de 3,8 millions (548 600 personnes en insécurité alimentaire sévère et 3,2 millions de personnes sous pression) selon le Cadre Harmonisé de mars 2019.

Sur les 324 millions de dollars recherchés à travers le PRH révisé, 96 millions de dollars sont mobilisés soit un taux de financement de 30 pour cent. Au total, quatre secteurs du PRH sont financés à moins de 12 pour cent (la santé 2,8 pour cent, l’éducation 5,1 pour cent, la protection 8,5 pour cent et l’eau l’hygiène et l’assainissement 11,8 pour cent) et trois secteurs entre 20 et 30 pour cent (la coordination et les services d’appui 27,8 pour cent, la sécurité alimentaire 26,8 pour cent et la nutrition 21,1 pour cent).

Le secteur des abris et des biens non-alimentaires (BNA) est le seul qui n’a pour le moment reçu aucun financement à travers le PRH. Les projets abris/BNA du PRH ciblent 117 000 personnes pour un budget estimé à 4,2 millions de dollars. Toutefois, des réalisations dans ce secteur ont été effectuées à travers le mécanisme de réponse rapide (RRM) grâce à des financements reçus d’ECHO et de l’USAID.

Plus de 68 600 personnes sont touchées par les inondations

Les inondations enregistrées depuis mai ont affecté 68 670 personnes et causé 20 morts au 31 août selon les données recueillies auprès des autorités maliennes. Le nombre de personnes touchées pourrait dépasser les prévisions du gouvernement estimant autour de 81 000 la population à risque cette année si de fortes pluies ou un débordement des cours d’eau survenaient dans les semaines à venir. Avec environ 24 100 personnes affectées – 35 pour cent du total – la région de Tombouctou, enregistre le plus grand nombre de sinistrés. A titre comparatif, en septembre 2018, les inondations avaient touché plus de 130 000 personnes dans le pays et causé 13 décès selon la Direction générale de la protection civile.

Les inondations ont entraîné d’importants dégâts matériels ainsi que des pertes de surfaces emblavées et de têtes de bétail. Les évaluations menées dans les zones affectées permettront de quantifier ces différentes pertes.

Des besoins urgents sont identifiés dans les secteurs des abris/BNA, des vivres, de la santé, de la nutrition, de l’eau, l’hygiène et l’assainissement, de la protection et de l’éducation. Les autorités maliennes et les partenaires humanitaires apportent l’assistance aux familles affectées. Toutefois pour combler l’insuffisance de l’aide fournie actuellement, un plan de réponse d’urgence du Gouvernement est en phase d’élaboration.

La campagne agricole compromise dans les zones affectées par les tensions intercommunautaires et les conflits dans la région de Mopti

Les conditions de démarrage de la campagne agricole 2019/2020 étaient installées dans les zones agricoles du pays au 30 juillet 2019. Toutefois, les experts ont relevé l’installation tardive dans le nord du cercle de Kita (région de Kayes), l’ouest de la région de Mopti et dans la zone des lacs de la région de Tombouctou notamment dans les cercles de Gourma Rharous et de Niafunké. Dans la région de Mopti, la situation est rendue plus critique par des déficits pluviométriques localisés. Les conflits constituent aussi un facteur ayant un impact négatif sur la sécurité alimentaire des personnes qui ont connu une perte de leurs moyens d’existence et des difficultés pour cultiver et accéder aux marchés.

Une analyse de l’interprétation des images satellitaires a été menée dans 3 200 villages de la région de Mopti en vue de suivre l’évolution de la campagne agricole pour la période du 1er juin au 28 juillet. Cette analyse compare les surfaces agricoles cultivées en 2019 à celles des trois années précédentes dans les huit cercles de la région : Mopti, Bandiagara, Bankass, Douentza, Koro, Djenne, Tenenkou et Youwarou.

Les résultats de l’analyse indiquent que les communes où il existe de fortes tensions intercommunautaires et des conflits armés (Mondoro, Toguere Coumbé, etc.) et les villages le long de la frontière avec le Burkina Faso sont les plus touchés par les diminutions moyennes à importantes des superficies agricoles. Une concentration des cultures est observée dans les environs immédiats de certains villages qui sont touchés par des diminutions moyennes à importantes des surfaces agricoles cultivées.

Plus on s’éloigne des grandes villes ou chefs-lieux de cercle qui sont davantage sécurisés, plus les villages qui font face à des diminutions de surface agricole cultivée sont nombreux. Ce phénomène est surtout constaté dans les cercles de Douentza, Tenenkou, Bandiagara, Bankass et Koro.

Plus de la moitié des villages de la région de Mopti (51 pour cent) est touchée par les diminutions moyennes à importantes des surfaces agricoles cultivées. La diminution des surfaces agricoles cultivées est plus accentuée dans les cercles de Koro (86 pour cent des localités), Douentza (60 pour cent), Bankass (57 pour cent) et Bandiagara (53 pour cent).

Des analyses complémentaires et une triangulation des données sur le terrain, avec l’appui de l’ensemble des partenaires, sont en cours pour confirmer ces résultats.

Selon le plan national de la campagne agricole, la production attendue pour la région de Mopti est estimée à 1 430 000 tonnes soit 13 pour cent des 11 millions de tonnes prévues dans le pays.

L’insécurité exacerbe la vulnérabilité des femmes et des filles

Les souffrances des civils dans les localités touchées par les conflits sont en grande partie liées aux défis en matière de protection, ayant des conséquences majeures dans les secteurs tels que la protection elle-même, la sécurité alimentaire, la santé, la nutrition, l’éducation, l’eau, l’hygiène et l’assainissement et les abris. Il y a un besoin d’instaurer une meilleure protection des civils à travers le renforcement de la sécurisation des zones, du système judiciaire, de l’accès aux services sociaux de base et des efforts pour la restauration de la cohésion sociale.

Ci-dessous le bilan sur les incidents de protection dressé par ledit cluster depuis le début de l’année :

  • 1 236 cas de violations des droits humains documentés dont des cas d’atteinte au droit à la vie, à la liberté et à la sécurité, à l’intégrité physique et/ou psychologique, à la propriété ont été rapportés entre janvier et juillet.
  • 2 021 incidents de violences basées sur le genre (VBG) ont été enregistrés entre janvier et juillet. Au total, 98 pour cent des survivants sont des femmes et des filles parmi lesquelles 37 pour cent ont subi des violences sexuelles dans un contexte où 55 pour cent des localités affectées ne possèdent pas de services de prise en charge des VBG. Même là où il y a des services, 72 pour cent des prestataires de santé ne sont pas formés sur la gestion clinique des cas de viol.
  • 429 incidents de violations graves des droits de l’enfant dont des cas de recrutement et d’utilisation par les groupes armés, de meurtres et de mutilations, de violences sexuelles, d’enlèvements, d’attaques contre des écoles et hôpitaux et de dénis d’accès humanitaire aux enfants ont été rapportés entre janvier et juin.
  • 125 incidents liés aux engins explosifs ayant fait 91 tués et 175 blessés et dont 47 pour cent sont des victimes civiles ont été comptabilisés entre janvier et juillet.

Source OCHA

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