Au Mali, l’occupation anarchique des voies publiques fait partie, sans conteste, des phénomènes qui demeurent sans solution. En la matière, faut-il décerner une palme d’or à celles et ceux qui s’installent sur la route au niveau de l’emplacement dit ‘’Sikasso plaçi’’ situé au marché de Médina coura ? Lire quelques éléments de réponse.
En effet, le lieu communément appelé en langue nationale Bambara ‘’Sikasso plaçi’’ se situe au marché de Médina coura en Commune II du district de Bamako. Pour ceux qui connaissent notre capitale, cet emplacement commence à l’ouest à partir de la station de carburants Total, en venant dans le sens du stade Modibo Kéïta jusqu’à l’école fondamentale de Missira I située à l’est. Nuit et jour, on y fait descendre de provenance diverse (tant interne qu’externe) des tonnes de produits destinés à notre alimentation. Ils sont composés de tomates, d’aubergines, de piments, de patates, d’oignons, de concombres, d’ignames et de choux…
S’ajoutent à ce lot méli-mélo, de bananes plantain et de poissons congelés importés du Sénégal ou de la Côte d’Ivoire et des fruits venant du Maroc tels que les grenadines, les raisons, les poires, les pommes, les mandarines la liste reste non exhaustive. Qui de Bamako ne s’est jamais rendu au marché de Médine pour se ravitailler à l’occasion d’un événement heureux ou malheureux ?
Selon des témoignages recueillis par nos soins, ce beau monde joue un rôle important dans le dispositif d’approvisionnement de nos marchés et constitue également un véritable vilebrequin qui fait tourner le moteur d’une partie de l’économie nationale. « Ici, chaque jour, plusieurs dizaines de millions de CFA passent entre les mains », a déclaré un revendeur de friperie.
Cependant, l’arbre ne doit cacher la forêt. C’est-à-dire, ces marchands et les véhicules qui transportent leurs produits s’abonnent à l’anarchie en occupant la voie publique peu importe le risque qu’ils courent à propos de leur vie. Cette situation fut décriée à la proportion de son caractère persistant qui demeure inacceptable. Ainsi de temps à autre, les autorités compétentes (dont une partie serait plus ou moins complice) expriment leur ras-le-bol. À qui ? À certains syndicats de commerçants détaillants qui se ramifient et se fragilisent au gré des dissensions dues à leurs intérêts personnels. Cela donne l’occasion aux différents comités de gestion mis en place au marché de Médina coura de mener une parodie d’opération de déguerpissement. Faisant un plaisir éphémère aux pouvoirs publics, elle ne résout nullement ce problème qui s’éternise.
Car, quelques heures après la disparition des hommes portant les gilets fluorescents dits « Comité local de gestion du marché » qui ont aussi une autre occupation ou s’ils ne font partie des déguerpis, les occupants endurcis reviennent s’installer sur la route en l’obstruant. C’est le retour à la case du départ. Souvent, emprunter la voie qui passe par l’emplacement dit ‘’Sikasso plaçi’’ est un chemin de croix pour les citoyens.
Un pénible goulot d’étranglement s’y forme durant la matinée et l’après-midi qui, marquant le début et la fin de la journée, constituent les deux périodes de grande affluence. Afin d’éviter, les automobilistes et motocyclistes quittant la Commune I et ses environs, souhaitant se rendre en ville, sont nombreux à longer les rues de Médina coura et de Missira. Malheureusement, celles-ci aussi sont, à certains endroits, occupées à la faveur de la permissivité. On y voit des vieillottes voitures abandonnées depuis des années, des ateliers de couture et des salons de coiffure. Pire, des hommes et des femmes vendent respectivement à ciel ouvert du café à l’omelette et des nourritures préparés et consommés sur place sous la poussière par des gens ayant moins de souci pour leur état de santé.
Contactés par une équipe mobile de notre rédaction, celles et ceux prennent d’assaut les voies publiques justifient leur comportement par le fait qu’ils payent doublement des taxes à la mairie de la Commune II et à celle du district de Bamako ? En outre, ils s’insurgent de voir que les ordures de leur marché non ramassées à temps, s’entassent, rétrécissant la voie de passage des usagers. Pour le moment, personne n’a pu valider ou invalider ces allégations émanant des marchands qui envahissent nos rues et routes.
À suivre…
Oumar Bah