Pluies abondantes à Bamako : La cour de la DNGM transformée en cours d’eau

Les fortes pluies tombées à Bamako, du 20 au 30 juillet 2024, ont plongé dans le calvaire certains services publics notamment la Direction nationale de la géologie et des mines (DNGM). En effet, le mardi 30 juillet, sa cour offrait un spectacle de désolation. Lire notre coup de projecteur.

Même si, heureusement, aucune perte humaine ni matérielle n’est à déplorer à la Direction nationale de la géologie et des mines (DNGM) (rassurez-vous), en revanche, le fort courant d’eau pluviale y a déposé des tas de détritus de toutes sortes, étalé au sol des boues à la fois pâteuses et glissantes et crée des points d’eau stagnante auxquels s’ajoutent des limons fins charriés.

Selon notre source, un témoin oculaire de la scène, ce mardi 30 juillet 2024, la hauteur d’eau (voir deux photos) atteignant à certains endroits 50 centimètres aurait pénétré jusque dans le hall situé au rez de chaussée de l’immeuble de trois étages qui abrite au quartier Bougouba en Commune I du district de Bamako, la Direction nationale de la géologie et des mines (DNGM).

En conséquence, tôt le matin, les vigiles appuyés par d’autres agents subalternes ont dû conjuguer les efforts afin de racler au moyen d’instruments aratoires trouvés par hasard, l’épaisse couche de boue qui rendait inaccessible cet édifice inauguré, convient-il de le rappeler au passage, le 6 mai 2006, par le président feu Amadou Toumani Touré (ATT). Paix à son âme et à celle de tous nos autres devanciers. Amen !

Aussi, faute d’un nettoie-pieds approprié qui se vend à bas prix dans les quincailleries de Bamako, des cartons ayant servi d’emballage à des appareils neufs ont été disposés à l’entrée principale pour permettre aux gens d’essuyer leurs chaussures dont la semelle ne pouvait échapper aux boues noirâtres visibles partout dans la cour. En dépit de ce dispositif de fortune, les carreaux de l’intérieur et les marches des escaliers qui sont de couleur grise étaient salis par des empreintes de pas des usagers.

Même si l’affluence n’était pas grande exprimant la morosité des activités à la Direction nationale de la géologie et des mines (DNGM), personne ne peut passer la journée ouvrable à nettoyer en permanence le sol au moyen d’une raclette ou d’une serpillière. Pour éviter ce type d’inondation (quel désagrément ?) survenant uniquement durant l’hivernage qui risque un jour d’empêcher le personnel d’accéder à ses bureaux, explique un vieux retraité rencontré sur place, la solution prévoit le dallage de la cour et la construction des caniveaux sur les deux bords de la voie bitumée qui passe devant ce service.

Par ailleurs, ironie du sort ou pas, on se rappelle que le ministère des mines a décidé de fermer du 15 juin au 30 septembre 2024, sur toute l’étendue du territoire national, les sites d’orpaillage par crainte d’éboulement des mines artisanales pendant la saison pluvieuse. Une mesure similaire serait-elle prise suite à l’inondation qui a transformé en cours d’eau la cour de la Direction nationale de la géologie et des mines (DNGM) ? en quoi est-il aussi utile de garer, pour longtemps, des engins lourds d’excavation acquis par l’état ou saisis chez les pilleurs des mines qui occupent une bonne partie de la cour ?

Par ailleurs, le jeudi 1er août 2024, s’est tenue l’assemblée générale du Comité syndical de ladite structure. L’ordre du jour a porté sur la prime de découverte, les dispositions à prendre pour le règlement des salaires en retard de 12 mois des travailleurs contractuels du Programme de développement des ressources minérales (PDRM).

À en croire notre informateur, cette situation d’insolvabilité serait imputable au fait que les sociétés privées venues de l’étranger notamment d’origine asiatique font à vile prix pour ceux qui les sollicitent les opérations de sondage et d’interprétation des données géologiques et de construction de forage défiant celui du PDRM. Cela constitue un manque à gagner pour ce sous-secteur de la DNGM qui, de nos jours, ne sait plus à quel saint se vouer.

Au chapitre des divers, les travailleurs ont épluché lors de cette assemblée générale les reformes en cours particulièrement la révision profonde des conditions d’attribution des permis d’exploitation des carrières et mines ainsi que l’assainissement du cadastre minier conformément aux nouvelles orientations édictées par les plus hautes autorités de la transition.

À ce propos, certains hauts responsables de la Direction nationale et régionale de la géologie et des mines (DNGM) seraient soupçonnés d’être en complicité avec le département de tutelle pour délivrer, en échange des pourboires, de faux permis à des asiatiques. Ces derniers seraient même en train d’empiéter en toute impunité les domaines attribués en bonne et due forme aux multinationales qui s’acquittent de toutes les conditions exigées par le Mali. La dégradation de l’environnement (l’eau, la faune, la flore et surtout le sol) constitue le dernier des soucis de ces ressortissants asiatiques partout où ils opèrent au Mali.

Ils se livreraient ainsi à cœur joie au pillage flagrant des richesses minières de notre pays, des pratiques que dénoncent en vain certaines organisations nationales internationales de défense de la nature. Quel gâchis pour la génération actuelle et future ? « Certains chefs de village et leaders de jeunes qui n’ont jamais vu un bulletin de paie durant leur vie à plus forte raison de recevoir la somme de 100 000 Cfa sont, chaque mois, corrompus par des millions », témoigne un responsable d’une société exploitant une mine d’or à Tabacoto.

Il convient également de souligner au passage que notre rédaction qui s’est déplacée plusieurs fois, n’a pu échanger avec la Direction nationale de la géologie et des mines (DNGM) dont la secrétaire particulière affirme avoir bien transmis notre demande de rendez-vous au DG. « C’est lui seul qui peut vous appeler selon programme », a-t-elle précisé.

Enfin, lors de cette assemblée générale du jeudi 1er août 2024, des révélations auraient été faites relatives au mauvais fonctionnement de la DNGM. Adama Coulibaly, le secrétaire général du comité syndical de cette structure lui aussi joint au téléphone par nos soins, a toujours esquivé nos questions en prétextant être en réunion à l’issue de laquelle il n’a jamais daigné rappeler.

Mais, le jour où ses intérêts personnels seraient menacés, il ne prendrait une seule seconde pour monter au créneau au nom du droit syndical. À suivre dans notre prochaine parution, les remous qui se font entendre à la DNGM concernant une affaire qui risquerait de défrayer la chronique dans les jours à venir. S’agirait-il d’un partage inique ou de détournement d’un avantage commun, de la nomination prochaine d’un haut responsable redouté ou de l’arrivée annoncée d’une structure de contrôle ?

Oumar Bah

 

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