Ecole malienne : l’Etat ou les promoteurs des écoles privées, à qui profite le désordre organisé ?

Une école privée de haut standing à Bamako
– Photo baobabprese –

L’école malienne, particulièrement l’enseignement privé au niveau du préscolaire et scolaire, se plait dans un désordre qui semble faire le bonheur de plus d’un. L’Etat ou les promoteurs de ces établissements d’enseignement privé, il est évident que l’un des deux trouve bien son compte dans ce désordre, fortuitement érigé en ordre. Nous avons cherché à comprendre.

A la faveur de la démocratisation de notre pays, il a été adopté la loi n°94-032 du 25 juillet 1994, portant statut de l’enseignement privé en République du Mali. Par l’adoption de cette loi, l’Etat se donnait les moyens de gommer son incapacité à satisfaire le flux d’apprenants dans nos écoles dont le nombre ne cesse de croitre année par année.

L’objectif de cette politique était de faire en sorte que chaque Malien puisse bénéficier d’une éducation et formation de qualité.

Infrastructures non adéquates, personnel administratif et enseignants non qualifiés, salaire insignifiant s’il est payé à temps et en intégralité ; pas de contrat de travail encore moins d’assurance, la liste des manquements des écoles privées aux critères de la qualité sont loin d’être exhaustifs.

Aujourd’hui, force est de constater que c’est tout l’effet contraire qui se produit. Ces écoles privées, jadis enviées, sont devenues de véritables problèmes pour non seulement l’initiateur (gouvernement) mais aussi et surtout pour les premiers bénéficiaires, à savoir les élèves. Et pourquoi ?

Absence de contrôle de l’État au niveau des écoles

Ce n’est point un secret ; la quasi-totalité des établissements privés du Mali ne respectent pas les critères de création et d’ouverture. Infrastructures non adéquates, personnel administratif et enseignants non qualifiés, salaire insignifiant s’il est payé à temps et en intégralité ; pas de contrat de travail encore moins d’assurance, la liste des manquements des écoles privées aux critères de la qualité sont loin d’être exhaustifs. Qu’à cela ne tienne, les établissements privés foisonnent ; chacun veut se faire une part du gâteau coûte que coûte et quoi qu’il arrive.

Ce sombre tableau semble ne point ébranler la tranquillité de l’Etat ; quand bien même sa responsabilité relève du plus haut niveau dans la déchéance de l’école.

Conséquence de ce désordre, l’enseignement est bâclé. Point de considération pour le programme officiel et le volume d’heure consigné par l’Etat. Tout le monde et n’importe qui peut devenir enseignant. Magasin ou maison désaffecté, suffit à faire le bonheur de n’importe quel promoteur d’école privée d’enseignement préscolaire et scolaire.

Autre constat non des moindres, c’est qu’il n’est pas rare de voir des cas d’élèves exclus de l’école publique, se refaire une nouvelle santé dans les privées. Pis, curieusement, plein de ces exclus se voient même propulser en classe supérieure.

Le désordre!

Au vu et au su de tout le monde, chaque année, les écoles privées ne cessent de pousser comme des champignons à Bamako que dans l’intérieur du pays. La preuve, à Bamako, impossible de faire 200 mètres sans tomber sur une école privée, en chaume pour les nantis, voire sous l’ombre d’un manguier pour les débrouillards.

A défaut d’avoir un local, il y a aussi des écoles qui n’existent que sur papier. Que deviendront leurs élèves ? A titre d’exemple, au cours de notre tournée, nous sommes tombés sur une école du genre en Commune I. les élèves étaient déjà expulsés du local pour cumul d’arriérés de loyer.

Selon un cadre du ministère de l’éducation nationale, il ressort que la commune I du district de Bamako est la circonscription qui abrite le plus grand nombre d’écoles privées. On en serait même arrivé à se demander si chaque famille de la commune ne dispose pas de sa propre école.

Face à ce désordre organisé, il devient plus que crucial pour l’Etat de prendre ses responsabilités. Il urge aujourd’hui de prendre des dispositions rigoureuses pour assainir le secteur ; c’est aussi le prix à payer pour école de qualité dont nous rêvons tous.

Nouhoum KONARE

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