Il faut le dire…L’an deux mille vingt, le président IBK joue quitte ou double

La tenue du Dialogue National Inclusif (D.N.I) du 14 au 22 décembre 2019 est venue décrisper une situation politique et sociale, morose, pratiquement bloquée. En effet, depuis l’élection contestée du président IBK en 2018, malgré les différents remaniements ministériels et les différentes tentatives opérées par les différents chefs de gouvernements pour décrisper l’atmosphère, l’opposition est restée dans sa position. La toute dernière tentative en mai 2019, du premier ministre fraîchement nommé le Dr Boubou Cissé, l’accord politique de gouvernance n’a pas pu séduire les principaux partis politiques de l’opposition. De même sur le front social, il n’y a pas eu d’accalmie. La situation est si  préoccupante que la signature d’un pacte social ou à défaut  d’une trêve sociale gouvernement-syndicats figure parmi les recommandations du D.N.I.Par ailleurs, la situation sécuritaire vade mal en pis notamment au centre du pays. Elle s’est tellement dégradée que les populations maliennes qui vivent dans ces zones d’insécurité chronique ont demandé le départ des forces étrangères car, ne voyant pas la justification de leur présence. Pour ces populations, l’inanité, voire la nuisance de leur présence est patente. Les autorités ont beau expliquer que ces forces sont au Mali à leur demande et qu’elles sont leurs amies. Rien à faire, les populations jugent sur les résultats.

Bien que les recommandations issues du D.N.I ne soient pas juridiquement contraignantes pour le président, elles le demeurent moralement, et il a promis de les appliquer selon ses moyens. Même si, selon le défunt président français Jacques CHIRAC, « Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent », le président IBK joue ici sa crédibilité. Il a dans la mise œuvre des recommandations du D.N.I, une opportunité de renouer le dialogue avec l’opposition pour plusieurs raisons.

D’abord, la relecture des Accords pour la paix issus du processus d’Alger, réclamée par l’opposition est une des recommandations du D.N.I et cela est possible en évoquant l’article 65 de l’Accord. Pourquoi, le président ne s’entretiendrait-il avec le chef de file de l’opposition pour examiner ensemble, comment mettre une équipe restreinte paritaire, opposition -gouvernement ou tripartite, gouvernement-opposition- société civile, afin de relever les points qui fâchent dans les accords avant la rencontre avec les ex- mouvements armés ? Ainsi, pour une fois,  avec ce plus petit dénominateur commun, le Mali va parler d’une même voix, et, peut-être même que cette expérience pourrait inciter à former un gouvernement d’union nationale pour affronter cette crise multidimensionnelle qui n’a que trop duré. Un tel scénario pourrait redonner l’espoir aux maliens.

Ensuite, en reliant le dialogue avec l’opposition, il sera pour le président et son gouvernement plus facile de pouvoir de mettre en œuvre les recommandations du D.N.I, notamment l’organisation des différentes élections dans un climat politique et social apaisé.

Enfin, en renouant avec l’opposition, le président IBK remettra le Mali sur la liste des pays normaux et pourrait négocier un calendrier du retrait des forces étrangères fussent-elles des forces de paix. Alors, il finira sans doute son mandat en toute beauté et son nom sera inscrit dans le panthéon national voire africain.

Notons que ce scénario, de sortie de crise dépend essentiellement du président IBK et que la tenue du D.N.I  qui est à son honneur lui a offert une occasion de rassembler tous les maliens pour vaincre l’hydre terroriste et remettre le Mali sur les rails. A contrario, l’échec de la mise en œuvre des recommandations du D.N .I conduira le Mali à une situation de rupture, situation que nul malien ne souhaite.

Pour cette année 2020, le Président joue donc quitte ou double. Il réussira  s’il  fait sienne  ces paroles du  sage Amadou Hampâté Bâ : « Ce qu’il faudrait, c’est toujours concéder à son prochain qu’il a une parcelle de vérité et non pas de dire que toute la vérité est à moi, à mon pays, à ma race, à ma religion. »

…sans rancune

Wamseru A. Asama

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