Pénurie d’hydrocarbures au Mali : Le pêle-mêle

Certaines cultures maraichères asséchées

Ce n’est un secret pour personne, tout au long de l’année, les produits maraichers cultivés dans le milieu rural sont transportés pour être vendus dans les zones de consommation. Particulièrement prisés dans les agglomérations urbaines, ils servent ainsi de revenus à certaines familles. Hélas, cette année, les braves femmes et hommes de toutes les tranches d’âge qui s’adonnent à cette activité ont été rares à trouver quelques litres d’essence peu importe le prix de vente. Il s’agit du carburant indispensable au fonctionnement des pompes à eau permettant d’arroser convenablement leurs cultures maraichères.

En conséquence, aujourd’hui, ils seraient nombreux à déplorer (larmes aux yeux) l’assèchement irréversible de leurs choux, concombres, tomates, oignons et autres qu’ils avaient entrepris de cultiver sur une étendue de plusieurs hectares. Les efforts physiques sous un soleil accablant fournis, durant de longues semaines, ajoutés aux sous déboursés pour l’acquisition d’intrants agricoles viennent de tomber dans le désespoir.

Ces maraichers ne savent plus à quel saint se vouer. Faut-il rappeler que l’accès facile à la modernité fait que la pompe à eau a remplacé les puisettes de fortune qui, autrefois, étaient visibles devant les puits souvent profonds.

Partit remplir un bidon Diago, il revint trouver ses 20 litres d’essence volés

Après une file interminable et une attente de deux jours, sous le soleil brulant le jour et l’attaque d’aiguillon des moustiques la nuit, un motocycliste a eu la chance, dans une station de carburants, de faire le plein de son réservoir et de remplir aussi ses deux bidons, chacun de 20 litres d’essence. Mais, comme frappé par un malheur inexorable, il se retira de la masse. Il gara un peu loin sa moto à côté de laquelle, il déposa ses deux gros bidons pour aller remplir le petit bidon Diago.

Ne sait-il pas que vouloir toujours posséder plus peut aussi attirer des ennuis, les plus inimaginables ?

En fait, incapable de percer la foule compacte subitement formée dans l’espoir de trouver un chemin menant à l’une des pompes, il ne trouva aucune occasion de remplir son petit bidon vilain à voir à cause de son aspect terne.

Quelques minutes après, il perdit patience et revint à sa moto. Là, une surprise désagréable l’attendit. il se mit rapidement à triturer ses yeux avec frénésie au moyen de ses doigts, comme si une particule d’impureté obscurcissait sa vue. Ce comportement est également observé chez certains parieurs malchanceux. En clair, notre moto-taximan constata le vol d’un de ses bidons contenant 20 litres d’essence dont le prix de vente suit, aujourd’hui, une fluctuation digne aux marchés boursiers d’Asie, d’Europe et d’Amérique.

Il ne s’empêcha de pousser un cri strident tout en proférant des malédictions qui mirent les gens dans une panique généralisée. Quand la vraie version des faits furent instantanément racontée, rares ont manifesté leur pitié à ce motocycliste qui aurait certainement voulu le sort dont il vient de subir. Cette histoire à la fois triste et comique vient préciser que le proverbe « l’appétit vient en mangeant » dépendrait des circonstances.

Il reçut un coup de poing qui le paralysa

Parfois, le malheur enseigne et cette pénurie d’hydrocarbures a donné l’occasion de mettre en évidence que l’impatience et l’autodiscipline ont encore de beaux jours dans notre pays. Les scènes de rixe et les insultes grossières difficiles à entendre devenues des normes, ces derniers jours, dans les stations de carburants en sont les preuves irréfutables. En effet, accéder au pompiste pour se ravitailler constitue un parcours du combat. Mais, se frayer aussi un chemin pour sortir du désordre en est un autre.

Cette histoire émouvante nous édifie. La semaine écoulée, lors d’une bagarre à propos du respect de l’ordre d’arrivée des personnes voulant prendre de l’essence, un moto-taximan aurait reçu un coup de poing qui, depuis ce jour, demeure paralysé à domicile. Qui a tort qui a raison ? Difficile de répondre surtout quand la morale à tirer incite à la retenue et à la tolérance. L’homme nous rapportant les faits, explique que son ami (la victime) auquel il rend visite chaque fois que l’opportunité se présente, avait même perdu l’usage de sa langue.

Cependant, il a repris à parler grâce aux divers traitements reçus à base de produits aussi modernes que traditionnels. Ajoutant que juste après la rixe au regard de l’état du chef de famille couché à même le sol, des bonnes volontés ont aussitôt lancé, sur place, une recherche. Celle consistant à retrouver l’auteur du coup de poing qui serait détenteur d’un pouvoir surnaturel. Le but est de lui présenter des excuses pour que le paralysé puisse retrouver son état initial.

« Jusqu’à ce jour, en dépit des descriptions données par les témoins, on n’a jamais pu localiser l’homme qui a frappé notre ami », a fait savoir notre informateur.

Ici, l’occasion est bonne pour rappeler à nos enfants (la nouvelle génération issue des réseaux sociaux) que derrière les tas d’insolites contestables au cours des conversations, se cache souvent une vérité imbattable. Évitons de défier certains propos. À bon entendeur, salut !

Des faux billets écoulés en achetant du carburant

Selon plusieurs sources concordantes, un réseau spécialisé dans la contrefaçon aurait réussi à travers cette pénurie à écouler des dizaines de millions de faux billets du franc CFA en achetant de l’essence et du gasoil. À Bamako tout comme à l’intérieur de notre pays, de nombreux gérants de stations auraient signalé ce fait à leurs patrons. « Les complicités se situeraient à plusieurs niveaux », explique un spécialiste qui a requis l’anonymat.

La fermeture jusqu’à nouvel ordre de certains points de vente d’hydrocarbure serait due à ce problème non révélé au public qui ne cesse de s’interroger. Lui, qui passe encore des nuits blanches et des journées harassantes afin d’avoir du carburant à acheter. On raconte que tout aurait commencé à partir de la vente clandestine des bidons de 20 litres qui coûterait, de nos jours, une grosse fortune.

Le tandem (pompistes et gérants) en aurait profité pour se remplir pleines les poches. Cette pénurie d’une telle ampleur, la première au Mali, fut une aubaine pour les spéculateurs de carburants. Ils ne souhaitent la voir prendre fin. Après le foncier, l’essence et le gasoil font actuellement objet de collusion à cause de l’attitude sans foi ni loi de certains concitoyens.

Les agences bancaires seraient-elles au parfum de la mise en circulation de faux billets ? Courent-elles le même risque que les importateurs des produits pétroliers ? Ont-elles pris des mesures anticipatives ? En tout état de cause, il faut urgemment tirer la sonnette d’alarme pour que la vigilance soit mise à maxima. Notamment, dans les bureaux effectuant les dépôts et retraits d’argent ainsi que les marchés. Enfin, on espère que nos services compétents sont à pied d’œuvre. Ils vont, illico, mettre le grappin sur les éventuels auteurs de ce scandale et leurs complices tapis, pour l’instant, dans l’ombre de l’innocence.

Après le Tramadol, le Malien aima le diluant

Suite à cette crise de carburants, les chimistes autoproclamés dans la rue ont mis au point un produit tout droit sorti de la… Il réunit l’essence et le diluant utilisé dans le domaine de la peinture des maisons et de la carrosserie des véhicules. Permettant de parcourir quelques kilomètres, les conducteurs de motos furent nombreux à l’expérimenter. On prévient que ce mélange provoquerait un dégât réparable au niveau du carburateur.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, les bricoleurs d’engins à deux roues auraient, eux aussi, profité de cette situation pour augmenter le barème de leurs prestations. C’est à prendre ou à laisser. Aucune voix autorisée n’a conseillé personne de verser une quelconque quantité de diluant dans le réservoir de sa moto. Celles et ceux n’ayant résisté à cette nouvelle pratique l’ont appris à leurs dépens en se rendant chez les réparateurs.

Après la recette de la mangue crue découpée dans un récipient à laquelle on ajoute le cube Maggie, l’huile, le vinaigre et le piment, l’ère est venue au Mali d’utiliser le diluant comme combustible d’engin à deux roues. Faut-il en délivrer un brevet d’invention ou celui de la stupidité ? Le temps, le meilleur juge de l’homme, en donnera les réponses.

Des bidons d’essence transforment des maisons en poudrières

Croyant se mettre à l’abri de la pénurie d’hydrocarbure, certains ont gardé dans leurs maisons plusieurs bidons pleins d’essence. Ils ignorent les conséquences incalculables résultant d’un tel acte. À titre d’exemple, si une des filles ou une épouse place par imprudence l’encensoir à côté de ce produit hautement inflammable, la chambre voire toute la maison serait transformée en énorme brasier.

Et cet incendie pourrait se propager atteignant en un clin d’œil les habitations voisines qui en seront les victimes collatérales. Le bilan des dégâts matériels et malheureusement souvent humains (puisse Dieu nous en préserver) serait aussi lourd. On aura que des larmes hypocrites à verser et des mots vains en guise de consolation. Pourtant, certains drames sont bien évitables, si chacune et chacun adoptaient au quotidien un comportement responsable fondé sur la prudence à tout moment. Puisse Dieu guider nos pas. Amen !

Rassemblés par Oumar Bah

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