Après Déby, l’avenir du Tchad suspendu

Les derniers hommages seront rendus le vendredi prochain au défunt président Idriss Deby à NDjamena avant que la dépouille mortelle ne prenne le chémin d’Am-Djaras, sa région natale.

Mais dès le mardi 20 avril, le gouvernement et l’Assemblée nationale ont été dissous. Mais alors comment les populations de N’Djamena ont passé cette première nuit sans le président Déby ?

Les frontières du Tchad sont fermées…

Un deuil national de 14 jours a été décrété et un Conseil militaire de transition (CMT) est présidé par le général quatre étoiles Mahamat Idriss Déby, fils du défunt président. Jusqu’alors il était le chef de la redoutable Garde présidentielle.

Mahamat Idriss Déby a déjà nommé 15 généraux de son Conseil militaire de transition et il promet que de nouvelles institutions verront le jour après des élections « libres et démocratiques » dans un an et demi.

L’opposition ne veut pas de transition militaire

Mais la suspension de la Constitution en vigueur et la mise en place d’une charte de la transition est rejetée par l’opposition politique et une partie de la société civile. Parmi les premières réactions, celle du jeune opposant du parti Les Transformateurs, Succès Masra. Il estime que les militaires doivent de retirer du processus politique.

Avec la mort d’Idriss Déby Itno, l’opposant historique Saleh Kebzabo perd son adversaire de toujours. Dans un hommage au président défunt en direct sur sa page Facebook, le leader de l’UNDR a appelé les Tchadiens à l’unité. Il a renouvelé son appel au dialogue interne pour régler les problèmes du pays.

Saleh Kebzabo a également lancé un appel aux pays voisins et à la communauté internationale « pour guider le Tchad dans la bonne direction ».

La société civile réagit

Du côté de la société civile, l’avocat Maître Max Loalngar, par ailleurs, Président de la Ligue Tchadienne des droits de l’homme invite les miliataires à ne pas confisquer le pouvoir.

L’annonce du décès d’Idriss Déby Itno suscite des questions quant à la suite des événements. Jacques Nguarassal, le coordinateur du collectif Tournons la page au Tchad s’en explique au micro de la DW.

A l’étranger, des réactions nombreuses

Les pays du G5 Sahel engagés avec le Tchad dans la lutte contre les groupes djihadistes ont salué l’action du président défunt Idriss Déby Itno dans la lutte contre le terrorisme (voir communiqué ci-dessous).

Pour le président de la transition du Mali Bah Ndaw, « la disparition du président Déby est une lourde perte pour le Tchad mais aussi pour la région sahélienne et l’Afrique ». L’armée tchadienne est considérée comme la plus aguerrie de la force conjointe du G5 Sahel.

L’Union Africaine, ONU….

Le président de la commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a fait part de sa « vive émotion » à l’annonce du décès du président Idriss Déby Itno. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, salue « un partenaire essentiel pour les Nations unies » qui « a contribué de manière significative à la stabilité régionale, en particulier dans le cadre des efforts de lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et le crime organisé au Sahel ».

La France « perd un ami courageux », a réagi l’Elysée dans un communiqué soulignant l’importance d’une « transition pacifique » au Tchad.

Mais au-delà du deuil, et en dépit des incertitudes, Mamadou Ismaïla Konaté, juriste et ancien ministre malien, veut voir dans la nouvelle page qui s’ouvre une chance de démocratisation pour les pays du Sahel.

Une transition rapide

L’Union européenne appelle à une transition limitée et à un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

Les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), qui mènent depuis neuf jours une offensive contre le régime tchadien, ont promis de marcher sur N’Djamena et rejeté « catégoriquement » ce conseil militaire.

L’organisation de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch, appelle le conseil militaire de transition à respecter scrupuleusement les droits de l’homme et l’état de droit, en veillant à ce que les civils soient protégés et en évitant toute escalade des abus contre les civils.

« Le conseil militaire devrait également assurer une transition rapide vers un régime civil démocratique, en respectant le droit des Tchadiens à élire leurs dirigeants lors d’élections libres et équitables », a indiqué l’ONG dans un communiqué publié mardi.

Source DW

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