Patrouilles de la brigade des mœurs à Bamako : Les établissements de nuit menacent-ils de briser le silence ?

Certains éléments de la Brigade des mœurs feraient des descentes nocturnes dans les établissements de nuit en amenant les filles de joie qui seraient individuellement libérées en échange de 10 000 F payés par les promoteurs. Les patrons estimant qu’ils s’acquittent, chaque année, d’une somme au nom de ces filles dont ils emploient menacent de saisir les autorités compétentes. Lire notre éclairage.

Selon les tenanciers des établissements de nuit (bars et hôtels) du Mali qui ont requis l’anonymat, chaque année, ils payent une somme à l’Etat au sujet des filles de joie qui font aujourd’hui l’objet d’interpellation intempestive de la part de certains éléments de la Brigade des mœurs. Ça vaut le coup car, en sus de vendre leur corps, ces filles attirent aussi de la clientèle accro à la boisson. Elles constituent donc une aubaine permettant de faire des recettes.

Les promoteurs des établissements de nuit si affectés par ces descentes dans leurs locaux de la Brigade des mœurs, en terme du manque à gagner qui serait énorme, risquent de mettre la clef sous la porte. Précisant que les bâtiments dans lesquels se déroulent leurs activités (loués ou acquis grâce à un prêt bancaire) sont également assujettis, à un régime fiscal annuel, payé au niveau du centre d’impôt de la commune auquel, ils dépendent.

En se conformant à ces lois du pays et aux règlements qui régissent leur secteur, les patrons des établissements de nuit s’estiment fiers d’avoir accompli l’un de leurs devoirs faisant d’eux de bons citoyens. En compensation, ils affirment s’attendre des pouvoirs publics au respect de leurs droits notamment la liberté d’exercer le métier (surtout vu d’un mauvais œil) qu’ils ont clairement choisi.

Malheureusement, les tenanciers des bars et hôtels constatent avec regret qu’au Mali ceux qui font des efforts pour respecter les textes – et ce serait particulièrement leur cas – sont parfois les premiers à subir des abus voire des mesquineries venant des structures de l’état qui doivent les protéger. Par conséquent, ils entendent saisir le gouvernement à travers leur syndicat légalement constitué, mais moins connu du public.

Le but de cette démarche consisterait à le mettre au parfum des mauvais traitements qu’ils (les tenanciers, les filles de joie et la clientèle) seraient victimes pendant les opérations nocturnes effectuées dans leurs locaux par certains éléments de la Brigade des mœurs dont ils auraient déjà identifié le nom et le prénom.

Recevant des clients et des travailleurs venus de diverses couches de notre société (pauvres, riches, lettrés ou non, jeunes et vieux) ils supposent que l’heure est enfin arrivée de briser le silence. Ils l’avaient longtemps gardé en raison de la sensibilité de leurs activités et des répercussions pouvant résulter de la révélation des faits incontestables dont ils sont dépositaires. Surtout dans un pays où certaines personnes qui paraissent exemptes de tout reproche mènent, en réalité de gré ou de force, dans les établissements de nuit une vie privée souvent difficile à expliquer.

Par ailleurs, ils promettent d’évoquer de long en large les actions judiciaires intentées, ces dernières années, à leur défaveur pour des raisons qui méritent d’être révélées. Les pétitions (à tort ou à raison) demandant la fermeture de certains bars et hôtels pour cause de proximité avec une mosquée ou une école en sont les preuves. Ils se disent toujours rejetés même en s’imposant des normes à respecter définies en accord avec l’Etat et exigées dans le souci de ménager la sensibilité des uns et la religion des autres. Entre autres : la restriction sonore, la limitation d’âge d’accès et l’interdiction de consommer certains produits.

S’ajoutent à ces tracasseries, quelques faits malheureux. Bagarre, crime, empoisonnement et cas de décès naturels ou dus à l’excès de dose qui surviennent à l’abri des yeux dans les chambres et autour d’une table de certains établissements de nuit du Mali qui n’en sont pas une exception dans le monde. Le personnel témoin oculaire de la scène ou ayant été le premier à constater les faits commis doit avoir une bouche ne s’ouvrant qu’aux seuls enquêteurs dépêchés immédiatement ou ultérieurement sur place. Surtout en cette ère où le téléphone portable, devenu un compagnon inséparable, a une foultitude de fonctionnalités.

Or souvent les parents, les amis et les collègues de la victime ou ceux de celui qui a commis le drame s’empressent à soudoyer les employés afin qu’ils altèrent la version de ce qui s’est passé. Pourquoi ? Parce que le secret dont ils détiennent à un impact négatif et direct sur l’image ou la vie même d’un haut responsable, d’un couple problématique, d’une famille unie ou désunie ou d’un service entier.

En outre, le personnel ne bénéficierait d’aucun mécanisme de protection de témoin pour avoir fidèlement raconté ce qu’il a vu ou entendu pouvant donner une première piste aux limiers de la police ou de la gendarmerie.

Voilà autant de raisons, pour lesquelles, l’instauration d’un lien de collaboration franche fondée sur la confiance mutuelle parait nécessaire entre les établissements de nuit, les structures d’enquête et de collecte de renseignements ainsi que la Brigade des mœurs. Puisse Dieu nous assister !

Oumar BAH

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