Il faut le dire… : Le G5 ou l’oisillon qui ne peut prendre son envol.

Les moins jeunes parmi nos lecteurs connaissent certainement l’histoire de « La lampe mystérieuse d’Aladin », un conte persan tiré des « Mille et une nuits ». Dans ce récit passionnant, quand on gratte la lampe, alors un génie monstrueux se présente et demande au possesseur de la lampe son desiderata. Une fois ce désir exprimé, le génie le réalise en un temps éclair, puis disparaît.

En analysant la situation sécuritaire dans les pays du Sahel au cours de la décennie 2010 – 2019, nous avons observé  que l’assassinat par les occidentaux du leader libyen Mouammar Kadhafi en 2011 a conduit à une déstabilisation de la Libye. Et, cette déstabilisation a engendré dans l’ensemble des pays du Sahel un génie monstrueux qui est le terrorisme perpétré par des pseudo-indépendantistes, islamistes ou narcotrafiquants. Mais contrairement au génie du conte qui est contrôlable, celui engendré par la déstabilisation de la Libye ne peut être maîtrisé. Il n’existe aucun mot de passe pour avoir une emprise sur lui.  C’est pourquoi, après avoir joué à l’apprenti sorcier, la France n’a eu d’autre choix que d’intervenir militairement dans ces pays. Et, comme elle ne peut se permettre d’engager ses propres citoyens dans une lutte directe contre les terroristes dans une guerre où l’ennemi est sans visage, il faudrait bien utiliser des supplétifs : les armées de ces pays. Il n’est donc pas étonnant que pour la plupart des sahéliens, les forces G5 Sahel ne sont que la version moderne « des tirailleurs sénégalais » : elles sont constituées pour défendre la politique hégémonique de la France sur ses anciens territoires coloniaux. Et même ses alliés traditionnels le conçoivent de cette manière sinon pourquoi, hésitent-ils à délier le cordon de leur bourse pour financer ces forces? Malgré cet avatar de sa naissance ou de son éclosion, cette force aurait pu conquérir le cœur des populations par ses actions salvatrices. Mais qu’a-t-on observé ? A la première alerte terroriste sur son Q.G à Mopti, au centre du Mali, elle détale, elle déménage pour venir se réfugier. Et où ? Parmi les populations civiles en plein de cœur de Bamako. L’état-major aurait avancé comme argument le manque de structures et des difficultés de communication à Mopti. Mais justement, puisqu’on nous a fait comprendre que le rôle du G5 Sahel est aussi économique, pourquoi, ne pas rester dans la région de Mopti pour développer infrastructures et communications, cela aurait pu créer de l’emploi pour les jeunes  et détourner certains d’entre eux de la délinquance et de l’appât tendu par les jihadistes. Jusqu’ici, on n’a relevé aucune action notable posée à l’initiative du G5 Sahel. Il demeure encore dans le nid douillet des forces Barkhane. Il est semblable  à un oisillon d’une couvée dont les duvets  ne se transforment pas en plumes solides qui lui permettront de voler et de partir du nid. Dans une telle situation, cet oisillon devient la proie facile des prédateurs. Apparemment le G5 Sahel, ressemble à cet oisillon qui est incapable de prendre son envol.

…sans rancune

Wamseru  A. Asama

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