Le lundi 24 juin 2019, l’ancien premier ministre de la transition, l’astrophysicien Cheick Modibo Diarra, était l’invité de notre confrère Djossé Traoré de la radio ‘’Niéta’’. Sur le plateau, le président du parti RPDM s’est prononcé sur la prolongation du mandat des députés, les tueries en masse et l’insécurité dans notre pays.
Première question posée au Docteur Diarra, c’est de savoir les raisons qui l’ont motivé à quitter le monde de la recherche scientifique pour l’arène politique.
Cheick Modibo Diarra a répondu : « Je ne suis pas venu à la politique pour avoir quelque chose, ou me remplir les poches. Depuis que mon parti est créé, il n’a pas un seul directeur général dans un service, à fortiori un ministre dans un quelconque gouvernement. La politique ne m’apporte rien. Seulement, je veux profiter de la politique pour servir mon pays. Je vis et fais vivre mon parti par l’argent que j’ai gagné au moment de mes activités. Cet argent devrait normalement me servir de pension de retraite. Comme vous le savez, j’ai été PDG de Microsoft Afrique ; une entreprise d’un chiffre d’affaire de plus de 600 milliards de FCFA par jour.
Je suis venu en politique dans l’intention de faire émerger le Mali ; faire de mon pays un géant de l’Afrique. J’ai la conviction que le Mali regorge de beaucoup de ressources minières et d’autres potentialités naturelles que nous devrons exploiter au bénéfice des citoyens.
Aussi, je veux dire que je suis venu dans la politique pour être Président de la République. Tout faire pour satisfaire les maliens qui ont souffert pendant ces dernières années »
A la question de Djossé de savoir s’il a rencontré le président IBK autour d’une éventuelle proposition de sortie de crise, Dr Cheick Modibo dit : « Le président IBK est un aîné qui me respecte beaucoup. Je l’ai toujours alerté sur les questions d’intérêt national.
Quand j’ai appris la prorogation du mandat des députés, je me suis déplacé pour aller le voir et lui demander de ne pas accepter cette mesure. Malheureusement, contre toute attente c’est l’Assemblée Nationale elle-même qui a voté une loi dans le sens de cette prorogation.
Une fois encore j’ai saisi la presse, en informant le chef de l’Etat de ne promulguer cette loi anticonstitutionnelle. Je n’ai pas été entendu par mon grand frère IBK.
Lors de la visite de l’ancien Premier Ministre, Soumeylou B Maïga au siège de mon parti, je lui ai signifié la dangerosité d’une prorogation du mandat des députés. J’avais suggéré que les députés actuels soient mis en retraite et remplacer par une Assemblée Constituante, pour la stabilité du pays.
Cette Assemblée, à mon sens, devait être constituée suite à une concertation entre hommes politiques et acteurs de la société civile malienne. Les partis ou les associations de la société civile allaient réfléchir sur la composition de l’assemblée constituante ; cela, en tenant en compte des résultats du premier tour de la présidentielle mais également des forces des partis en nombre de députés et d’élus communaux. Cette Assemblée Constituante allait également compter des représentants de l’armée et des groupes armés.
Au cas où ces députés votent une nouvelle fois une loi de prolongation de leur mandat, ils auront trahi leurs électeurs et le peuple malien »
Aujourd’hui, notre regroupement politique, 4ème à la présidentielle passée, n’est pas représenté à l’assemblée nationale ; cela n’est pas admissible pour moi.
Sur la question de l’insécurité dans les régions de Mopti et de Ségou, et son rôle dans la recherche de solutions aux tueries en masse, Cheick Modibo explique : « Nous ne pouvons pas continuer dans cette situation d’insécurité et de tueries. Il faut que les Maliens sachent qu’il n’y a pas de conflit intercommunautaire.
Je demande aux Maliens de se ressaisir et de prendre conscience de la réalité des choses.
J‘appelle nos artistes, nos leaders d’opinion, leaders religieux, à se lever et à faire comprendre aux Maliens qu’il n’y a pas et qu’il n’y aura pas de conflit entre Dogons et Peulhs.
Nous avons appris selon certaines sources que ce sont des bandits armés, venus d’autres pays, qui commettent ces assassinats de masse dans les régions de Mopti et de Ségou.
Lors de la campagne présidentielle, j’ai promis de renouer nos relations avec la Russie et les Etats unis. J’allais acheter les matériels de guerre avec tous ces pays, y compris la France, pour mieux équiper notre armée et former nos soldats.
J’avais également promis de faire construire des casernes dans le septentrion de notre pays par ces partenaires extérieurs.
Je rappelle que sous la transition, j’avais même commencé le projet de recrutement de 2 000 porteurs d’uniformes par mois. J’allais accentuer cela car c’est ce qu’il nous faut aujourd’hui sinon nous serons toujours les proies de ces malfrats.
Il faudrait que le monde sache que personne ne peut venir au Mali chercher quelque chose sans une autorisation préalable des Maliens. Ceux qui pensent le contraire se trompent lourdement. Rien ne se gagne par la force ou par des complots dans mon pays».
Par rapport à la question de l’accord politique, Dr Cheick Modibo confie : « Mon parti est signataire de l’accord politique de gouvernance. En son article 18, cet accord précise que la signature du présent accord est l’expression de l’adhésion au principe du dialogue social inclusif dans l’intérêt supérieur de la nation malienne et la recherche dans une démarche participative des solutions de sortie de crise. Bref, je veux dire que cet accord politique ne parle nulle part de la prolongation du mandat des députés, encore moins d’une quelconque révision de la Constitution ».
En dernier mot
« Je déplore le nombre les tueries en masse de nos compatriotes à longueur de journée ».
Cheick Modibo se met à pleureur à chaudes larmes.
Il continue ses propos : « ……….. Je n’ai malheureusement pas qualité d’aller chercher des armes et des aides miliaires au nom du Mali à l’extérieur. Au moment où certaines parties des régions de Mopti et de Ségou sont à feu et à sang, on chante et on danse à Bamako. Le Malien est-il devenu méconnaissable ?
Cheick Modibo se remet à pleureur à chaudes larmes.
Il revient à la parole : « …. Cette fois mon regroupement politique et moi disons non à la prolongation des mandats des députés. J’appelle au sursaut national des Maliens ».
Propos rapportés par Abdoulaye KONE