Mali : De la méthode Malcom à la Méthode King, la prise de Koulouba n’a finalement pas eu lieu

C’était le Vendredi 19 Juin 2020. Les militants du M5-RFP se sont rassemblés, pour la seconde fois sur la place de l’Independence. Objectif, exprimer leur ras-le-bol face à l’impasse politique et sécuritaire du pays. Au menu du meeting, la prise de Koulouba était sur toutes les bouches.

Dans la déclaration du M5-RFP, lue par le Doyen Cheick Oumar Sissoko non moins ancien ministre de la culture, un ultimatum de démission a été lancé au président de la république.

A défaut, M. Sissoko a  précisé que les manifestants battront le pavé du palais présidentiel, en vue de remettre à IBK la déclaration faisant mention de sa  démission.

Autres détails à prendre en compte, la requête est non négociable et les manifestants décréteront un embargo sur la ville de Bamako et dans ses différentes régions, si et seulement si, le président refusait de démissionner, avait expliqué M. Cheick Oumar Sissoko.

L’imam Dicko pour sa part déclare que la manifestation des forces vives de la nation sera constante jusqu’à obtenir gain de cause.

Contrairement à sa sortie précédente, l’imam rappellera ses militants à la retenue et à la non-violence. En tant que patriotes, les fils du pays ne doivent pas conduire leurs propres pays à la catastrophe, poursuit-il.

L’imam dira que la méthode qui consiste à prendre le pouvoir par la violence  est un piège infernal, tendu par l’ennemi. Il ajoute, cet ennemi a su opposer les communautés entre elles et les religieux entre eux, cela en incitant les citoyens à la violence.

Aussitôt une délégation composée de Choguel K. Maiga, Kaou N’djim et du Pr Clément Dembélé a été mandatée pour aller remettre la déclaration du M5-RFP au président  de la république à Koulouba.

Environ trente minutes après leur départ, ces derniers retournèrent sur la place de l’indépendance. Ils ont tout simplement été  éconduits par les forces de l’ordre.

Qu’est-ce qui explique cette nouvelle posture de l’imam Dicko ?

En tout cas, connaissant bien l’homme il faudrait écarter tout soupçon de corruption à son égard. Car à l’entame même de ses propos, il mentionnait : « …ils ont tenté de me corrompre par plusieurs moyens mais j’ai refusé en leur disant qu’un tel acte signifie une injure pour le peuple malien. »

Au regard des évènements qui précèdent, deux fats majeurs pourraient justifier cette attitude pacifique de l’imam Mahamoud Dicko. Par exemple dans son intervention, il s’est exprimé en ces termes : « Beaucoup de gens disent que je suis en train de lutter pour le pouvoir, mais moi ma vocation c’est de diriger la prière. Je ne peux pas être Imam et encourager la violence. Nous appartenons tous à des organisations, et il y-a des images qu’on ne doit pas dégager. »

Plus loin, il ajoute : « Nous sommes des hommes publics et nous voyageons partout dans le monde. C’est en ce sens que nous avons accepté de rencontrer la CEDEAO. Ainsi, nous devrons faire preuve de bon sens en préservant nos relations avec ceux de l’extérieur. Le combat que nous menons, nous pouvons le gagné sans violence. »

D’une part, ces déclarations montrent le souci de l’Imam à vouloir  rester fidèle face à « l’esprit de paix » que représente la religion musulmane ; d’autre part, elles traduisent sa préoccupation de préserver le contact avec ses partenaires de l’extérieurs, qui condamneraient tout acte de violence dans sa « quête du pouvoir. »

Ainsi, l’imam Dicko est pris au dépourvu entre la méthode de violence et de non-violence,  promue successivement  par le prêcheur Malcom X et le pasteur Martin Luther King, en matière de lutte pour la liberté du peuple et du respect de leur droit.

Conclusion, faut-il alors croire que dans une telle croisade politique M. Dicko réussira à prendre le pouvoir des mains d’IBK ?

OUMAR ONGOIBA

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