Assassinat de masse, violence inter communautaire, fermeture des écoles, impunité, et pandémie du Covid 19, le dernier rapport d’Amnesty international ne fait pas les yeux doux au Mali. Notre pays s’y est illustré par un bilan particulièrement triste.
A la faveur de son rapport annuel sur la situation des droits humains en Afrique, Amnesty International précise que les conflits armés et la répression orchestrée par les autorités ont favorisé les violations des droits humains sur le continent.
Qu’en est –il du Mali ?
Au Mali, Amnesty International avance que les conditions de sécurité se sont considérablement dégradées dans le centre. Là, des groupes armés et des « groupes d’autodéfense » autoproclamés ont tué de nombreux civils.
Amnesty International Mali cite les statistiques de l’ONU, qui disent qu’au moins 450 civils ont été tués durant les six premiers mois de l’année 2019, dont plus de 150 enfants.
De même, entre le 1er octobre et le 30 décembre 2019, au centre du Mali, 200 civils ont été tués, 96 blessés et 90 enlevés.
Durant cette même période, plus de 85 % des attaques meurtrières visant la population civile ont eu lieu dans la région de Mopti.
Des cas de tueries en masse sont détaillés par Amnesty international sur la base d’un rapport de l’ONU.
Le 1er janvier 2019, dans la région de Mopti, 37 personnes ont été tuées dans le village peul de Koulogon-Peul.
Le 23 mars, au moins 150 hommes, femmes et enfants ont été tués lors d’une attaque menée contre le village d’Ogossagou.
35 personnes dont 22 enfants de moins de 12 ans, ont été tuées le 9 juin au cours d’une attaque contre le village dogon de Sobane-Da.
Huit jours plus tard, au moins 38 personnes ont été tuées lors d’une offensive menée contre deux villages (Gangafani et Yoro) dans le cercle de Koro, selon les autorités.
Le 13 novembre, des soldats maliens ont découvert 20 cadavres dans le village de Peh ; certains de ces corps avaient été jetés dans des puits.
Des groupes armés ont également pris pour cible des chefs traditionnels et religieux, ainsi que des griots.
Le 17 avril, le chef du village de Pissa, dans le cercle de Bankass, avait été tué par des hommes armés non identifiés.
Le 22 juin, le chef du village de Hombori, Nouhoum Bah Maiga, a été tué par des hommes armés non identifiés.
Le 19 juillet, à Dialloubé, un célèbre griot, Modi Djignandé, plus connu sous le nom de « Niappa », a lui aussi été tué par des inconnus armés.
Par ailleurs, le rapport dit que les forces de sécurité maliennes ont riposté en commettant de multiples violations, y compris des exécutions extrajudiciaires et des actes de torture.
De même, il est écrit dans ce rapport qu’au Mali, l’impunité persiste pour les crimes les plus graves. L’insécurité s’est traduite par de très fortes entraves au droit à l’éducation et l’interdiction des rassemblements pacifiques dans le centre-ville de Bamako.
Côté justice, Amnesty International a fustigé la promulgation de la loi « d’entente nationale », qui exempt de poursuites les personnes ayant commis des crimes dans le cadre des évènements liés à la « crise née en 2012 » ou en ayant été complices.
L’organisation de défense des droits de l’homme estime que cette loi exclue les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, le viol et les crimes imprescriptibles.
Cependant, Amnesty International a favorablement accueilli la promulgation de la loi élargissant le champ de compétence du Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, aux crimes de génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.
Dans cette dynamique, Amnesty international Mali a salué la traduction devant la justice internationale du nommé Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud dit Al Hassan.
Al Hassan est un ancien membre d’Ansar Eddine. Il était le commissaire de la Police Islamique à Tombouctou au moment de l’occupation de cette ville par les Jihadistes. Il lui est reproché les charges de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, y compris de torture, de viol, de mariage forcé et d’esclavage sexuel.
S’agissant du droit du respect à l’éducation, Amnesty international signale l’extrême difficulté des écoles maliennes. L’organisation précise qu’à la date d’octobre 2019, 1 051 écoles étaient fermées, plusieurs dizaines d’enseignants en abandon de poste et quelques 315 300 enfants sont déscolarisés à cause de l’insécurité.
Actualité oblige, dans son rapport, Amnesty International a ouvert une fenêtre sur la pandémie du Corona virus. L’organisation de défense des droits de l’homme conseille : « Avec la pandémie de COVID-19 qui menace, il n’y a pas de temps à perdre pour combattre les inégalités et les violations des droits humains qui rendent les soins médicaux inaccessibles à tant de personnes. »
Seybou KEITA (Source Amnesty International Mali)